Traitement ciblé du cancer du sein

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Le traitement ciblé a recours à des médicaments pour cibler des molécules spécifiques, comme des protéines, présentes à la surface ou à l’intérieur des cellules cancéreuses. Ces molécules contribuent à l’envoi de signaux qui indiquent aux cellules de croître ou de se diviser. En ciblant ces molécules, les médicaments interrompent la croissance et la propagation des cellules cancéreuses tout en limitant les dommages aux cellules normales. Le traitement ciblé peut aussi être appelé traitement à ciblage moléculaire.

Certaines personnes atteintes d’un cancer du sein reçoivent un traitement ciblé. Si vous recevez un traitement ciblé, votre équipe de soins se basera sur ce qu’elle sait relativement au cancer et à votre état de santé pour décider des médicaments, des doses et du calendrier d’administration.

Vous pourriez recevoir un traitement ciblé pour traiter :

  • un cancer du sein localement avancé qui s’est propagé aux ganglions lymphatiques, avant une chirurgie mammaire conservatrice (traitement ciblé néoadjuvant) ou après cette chirurgie (traitement ciblé adjuvant);
  • un cancer du sein qui s’est propagé à d’autres parties du corps (métastatique);
  • un cancer du sein qui a cessé de répondre au traitement ou qui est réapparu (récidive) après d’autres traitements.
Les médicaments ciblés ne sont pas tous couverts par les régimes d’assurance-maladie provinciaux ou territoriaux. La couverture pour les médicaments ciblés administrés par voie orale pourrait être limitée.

Médicaments ciblés pour le cancer du sein HER2 positif

ErbB2 est un gène qui a subi un changement (mutation) et qui peut ainsi favoriser la croissance d’une tumeur (oncogène). Il est plus connu sous le nom de HER2 (ou HER2/neu). HER2 signifie « human epidermal growth factor receptor 2 » (récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain).

Le gène HER2 contrôle une protéine située à la surface des cellules du sein qui favorise leur croissance. Chaque cellule saine contient 2 copies du gène HER2. Il arrive qu’il y ait trop de copies du gène HER2 dans une cellule et que le corps fabrique une trop grande quantité de la protéine HER2. On parle alors de surexpression de HER2.

L’analyse du statut HER2 est effectuée sur toutes les tumeurs du sein lors du processus diagnostique.

  • Si les cellules cancéreuses surexpriment HER2, on dit que le cancer du sein est HER2 positif (HER2+).
  • Si les cellules cancéreuses ne surexpriment pas HER2, on dit que le cancer du sein est HER2 négatif (HER2-).
  • Si les cellules cancéreuses surexpriment HER2 en nombre peu élevé, on dit que le cancer du sein est HER2 faible.

On a recours aux médicaments ciblés suivants pour traiter un cancer du sein HER2 positif.

Trastuzumab

Le trastuzumab (Herceptin et médicaments biosimilaires) est le médicament ciblé le plus couramment utilisé pour traiter un cancer du sein HER2 positif. On l’administre par une aiguille insérée dans une veine (par intraveineuse, ou IV).

On traite un cancer du sein localement avancé au moyen du trastuzumab, qu’on associe à des médicaments de chimiothérapie avant ou après la chirurgie. Lorsque le traitement ciblé est associé à une chimiothérapie, on administre le trastuzumab avec des agents chimiothérapeutiques de la famille des taxanes. Il y a un risque de troubles cardiaques si on administre le traitement ciblé en association avec des agents chimiothérapeutiques de la famille des anthracyclines.

On administre habituellement le trastuzumab seul pendant un an, une fois que la chimiothérapie adjuvante du cancer du sein est terminée.

Comme le trastuzumab peut entraîner des troubles cardiaques, on effectue des tests de la fonction cardiaque, par exemple une ventriculographie isotopique (MUGA) ou un échocardiogramme, avant le début du traitement afin de s’assurer que vous n’avez pas de problèmes de cœur. On procède régulièrement à ces tests pendant la durée du traitement au trastuzumab. Les troubles cardiaques causés par le trastuzumab sont habituellement temporaires.

Pertuzumab

On peut associer le pertuzumab (Perjeta) au trastuzumab et à la chimiothérapie avant ou après la chirurgie d’un cancer du sein HER2 positif qui s’est propagé aux ganglions lymphatiques. Le pertuzumab sert également au traitement du cancer inflammatoire du sein. On l’administre par IV.

Pertuzumab et trastuzumab

Phesgo réunit le pertuzumab et le trastuzumab en une seule dose. On l’administre par une aiguille insérée juste sous la peau (injection sous-cutanée) plutôt que par IV. On peut ainsi effectuer le traitement plus rapidement et facilement que par l’administration des 2 médicaments séparément.

On peut proposer le pertuzumab et le trastuzumab en tant que :

  • traitement néoadjuvant du cancer d’un sein HER2 positif, localement avancé, inflammatoire ou précoce (stade 1 ou 2);
  • traitement adjuvant d’un cancer du sein HER2 positif qui s’est propagé aux ganglions lymphatiques ou dont les récepteurs hormonaux sont négatifs;
  • traitement en association avec le docétaxel, un agent chimiothérapeutique, pour les personnes atteintes d’un cancer du sein HER2 positif qui n’a pas fait l’objet d’un traitement ciblé ou qui a récidivé après la fin de la chimiothérapie.

Trastuzumab emtansine

Un médicament ciblé associé à un agent chimiothérapeutique porte le nom de conjugué anticorps-médicament. Le trastuzumab emtansine (Kadcyla ou T-DM1) est une association de trastuzumab et de l’agent chimiothérapeutique appelé emtansine (DM1). On l’administre par IV.

Le trastuzumab emtansine permet de traiter un cancer du sein HER2 positif s’il y a toujours présence de cancer dans le sein ou les ganglions lymphatiques après le traitement au moyen d’une chimiothérapie et du trastuzumab (avec ou sans pertuzumab). On administre le médicament pour terminer une année de traitement anti-HER2.

On peut avoir recours au trastuzumab emtansine pour traiter un cancer du sein métastatique qui ne répond plus à l’association de trastuzumab et de pertuzumab.

Trastuzumab deruxtecan

Le trastuzumab deruxtecan (Enhertu) est un autre conjugué anticorps-médicament. Il réunit le trastuzumab et le deruxtecan, un agent chimiothérapeutique. On l’administre par IV.

On peut y avoir recours dans le cas d’un cancer du sein HER2 positif non résécable ou métastatique qui a déjà été traité au moyen du trastuzumab et du pertuzumab.

Le trastuzumab deruxtecan est également employé pour traiter un cancer du sein HER2 faible.

Nératinib

On peut avoir recours au nératinib (Nerlynx) pour traiter un cancer du sein HER2 positif de stade précoce, au terme d’un traitement d’un an à base de trastuzumab. On peut commencer à l’administrer dans l’année qui suit le traitement au trastuzumab.

On peut aussi associer le nératinib à la capécitabine pour traiter un cancer du sein HER2 positif métastatique après l’administration de 2 autres traitements ou plus.

Lapatinib

Le lapatinib (Tykerb) peut être associé à la capécitabine pour traiter un cancer du sein métastatique HER2 positif quand d’autres types de chimiothérapie ou le trastuzumab ne sont plus efficaces.

On peut associer le lapatinib au létrozole pour traiter un cancer du sein métastatique à récepteurs hormonaux positifs et HER2 positif.

Tucatinib

On peut proposer le tucatinib (Tukysa) pour un cancer du sein localement avancé ou métastatique qui est HER2 positif et qui a été traité au moyen d’au moins 3 autres médicaments ciblés. On associe le tucatinib au trastuzumab et à la capécitabine.

On peut également avoir recours à cette association pour traiter les métastases cérébrales causées par un cancer du sein HER2 positif.

Médicaments ciblés pour le cancer du sein HER2 négatif

Le cancer du sein HER2 négatif ne surexprime pas la protéine HER2. Les médicaments ciblés qui suivent permettent de traiter un cancer du sein à récepteurs hormonaux positifs et HER2 négatif en bloquant d’autres protéines que HER2 présentes sur les cellules cancéreuses.

Évérolimus

La protéine mTOR (cible de la rapamycine chez les mammifères) contrôle la croissance et la reproduction des cellules. Dans certains types de cancer, dont le cancer du sein, mTOR fait en sorte que les cellules cancéreuses continuent de se développer et de se diviser. Les inhibiteurs de mTOR bloquent son action, ce qui peut interrompre la croissance du cancer.

L’évérolimus (Afinitor) est l’inhibiteur de mTOR auquel on a recours pour traiter un cancer du sein localement avancé ou métastatique à récepteurs hormonaux positifs et HER2 négatif qui est réapparu ou qui a continué d’évoluer pendant un traitement à base de létrozole ou d’anastrozole (Arimidex). On l’associe à l’exémestane (Aromasin), un médicament hormonal.

Inhibiteurs des CDK 4/6

Les inhibiteurs des CDK 4/6 sont des médicaments qui ralentissent ou stoppent la division et la multiplication des cellules cancéreuses du sein. Ils ciblent des protéines spécifiques appelées kinases dépendantes des cyclines 4 et 6 (CDK 4/6). On trouve ces protéines en plus grande quantité dans le cas d’un cancer du sein à récepteurs hormonaux positifs et HER2 négatif.

On associe les inhibiteurs des CDK 4/6 à l’hormonothérapie pour renforcer l’efficacité du traitement. On les administre sous forme de pilules.

On peut avoir recours aux inhibiteurs des CDK 4/6 qui suivent pour traiter un cancer du sein avancé ou métastatique à récepteurs hormonaux positifs et HER2 négatif.

Palbociclib

On peut associer le palbociclib (Ibrance) :

  • à un inhibiteur de l’aromatase à titre de premier traitement;
  • au fulvestrant si le cancer du sein a continué de se développer, ou d’évoluer, pendant une hormonothérapie.
Si vous êtes en ménopause ou en périménopause, on associe le palbociclib avec un analogue de l’hormone de libération de la gonadotrophine (GnRH).

Le traitement se poursuit tant et aussi longtemps que le cancer ne grossit pas et qu’on ne trouve pas de tumeurs métastatiques.

Ribociclib

On peut avoir recours au ribociclib (Kisqali) en association avec :

  • un inhibiteur de l’aromatase à titre de premier traitement;
  • le fulvestrant à titre de premier traitement administré, ou si le cancer a évolué pendant le traitement au moyen d’autres médicaments hormonaux.

Si vous êtes en préménopause ou en périménopause, on associe le ribociclib avec un analogue de la GnRH.

Abémaciclib

On peut administrer l’abémaciclib (Verzenio) en association avec :

  • un inhibiteur de l’aromatase à titre de premier traitement hormonal;
  • le fulvestrant si le cancer a évolué pendant l’hormonothérapie;
  • un analogue de la GnRH et le fulvestrant si vous êtes en préménopause ou en périménopause.

On peut avoir recours à l’abémaciclib seul pour traiter un cancer du sein métastatique qui a évolué après l’hormonothérapie et qui a fait l’objet d’une chimiothérapie à base d’au moins un médicament de la famille des taxanes.

L’abémaciclib peut servir à traiter un cancer du sein précoce à récepteurs hormonaux positifs et HER2 négatif qui s’est propagé à certains ganglions lymphatiques et qui présente un risque élevé de récidive.

Sacituzumab govitecan

Le sacituzumab govitecan (Trodelvy) est un conjugué anticorps-médicament, c’est-à-dire un médicament ciblé associé à un agent chimiothérapeutique.

On y a recours pour traiter un cancer du sein localement avancé ou métastatique non résécable dont les récepteurs hormonaux sont positifs, qui est HER2 négatif et qui a fait l’objet d’une hormonothérapie et d’un traitement à base d’au moins 2 autres agents chimiothérapeutiques employés pour le cancer du sein métastatique.

Le sacituzumab govitecan sert également au traitement d’un cancer du sein triple négatif (CSTN) non résécable qui est localement avancé ou métastatique et qui a fait l’objet de 2 protocoles de chimiothérapie ou plus (dont au moins un pour la maladie métastatique).

Alpélisib

Le gène PIK3CA fabrique une protéine qui favorise la croissance, le mouvement, la division et la survie d’une cellule.

Les inhibiteurs de PIK3CA empêchent le gène PIK3CA de fabriquer cette protéine, de sorte que les cellules cancéreuses ne peuvent plus se développer ou se diviser.

L’alpélisib (Piqray) est un inhibiteur de PIK3CA. On y a recours pour traiter un cancer du sein localement avancé ou métastatique dont les récepteurs hormonaux sont positifs, qui est HER2 négatif et qui présente des mutations dans le gène PIK3CA. On l’administre chez les personnes postménopausées.

En présence d’un cancer qui a cessé de répondre à l’hormonothérapie, on peut proposer l’alpélisib en association avec le fulvestrant.

Capivasertib

Le capivasertib (Truqap) est associé au fulvestrant, un médicament hormonal, comme traitement du cancer du sein localement avancé ou métastatique à récepteurs hormonaux positifs et HER2 négatif. Cette association est employée dans les cas suivants :

  • le cancer a été traité avec au moins une autre hormonothérapie;
  • le cancer est réapparu pendant une hormonothérapie;
  • le cancer est réapparu au cours des 12 mois qui ont suivi une hormonothérapie;
  • des changements au gène PIK3CA, AKT1 ou PTEN se sont produits.

On administre le capivasertib uniquement aux personnes à qui on a attribué le sexe féminin à la naissance, car la recherche indique que ce médicament est le plus efficace pour ce groupe. Il n’est pas très efficace chez les personnes à qui on a attribué le sexe masculin à la naissance.

Ce médicament est administré sous forme de pilule.

Traitement ciblé du cancer du sein présentant des mutations des gènes BRCA

La poly(ADP-ribose) polymérase (PARP) est un autre type d’enzyme qui permet aux cellules de se réparer elles-mêmes. Les inhibiteurs de PARP empêchent cette enzyme de réparer les cellules cancéreuses, de sorte que celles-ci meurent.

On peut avoir recours aux inhibiteurs de PARP pour traiter un cancer du sein qui présente des mutations des gènes BRCA. Avant d’administrer ces médicaments, on procède à des tests pour confirmer la présence de mutations des gènes BRCA.

Les inhibiteurs de PARP qui suivent sont utilisés pour traiter un cancer du sein associé à des mutations des gènes BRCA. Tous ces médicaments sont administrés sous forme de pilules.

On peut avoir recours à l’olaparib (Lynparza) pour traiter les personnes atteintes d’un cancer du sein HER2 négatif métastatique qui ont déjà reçu une chimiothérapie. Dans le cas d’un cancer qui possède également des récepteurs hormonaux positifs, on peut administrer l’olaparib si la maladie a cessé de répondre à l’hormonothérapie ou ne pouvait pas être traitée par hormonothérapie.

On peut aussi administrer l’olaparib comme traitement adjuvant chez les personnes porteuses de mutations des gènes BRCA qui présentent un risque élevé de récidive de cancer du sein.

Le talazoparib (Talzenna) peut servir à traiter les personnes atteintes d’un cancer du sein HER2 négatif localement avancé ou métastatique qui ont déjà reçu une chimiothérapie.

Effets secondaires du traitement ciblé

Les effets secondaires du traitement ciblé du cancer du sein dépendent surtout du type de médicament ou d’association médicamenteuse, de la dose, de la façon de l’administrer et de votre état de santé global. Avisez votre équipe de soins si vous éprouvez des effets secondaires que vous croyez liés à l’immunothérapie. Plus tôt vous signalez un problème, plus rapidement on pourra vous dire comment aider à le traiter.

Apprenez-en davantage sur le traitement ciblé

Apprenez-en davantage sur le traitement ciblé. Afin de prendre les bonnes décisions pour vous, posez des questions sur le traitement ciblé à votre équipe de soins.

Les renseignements sur des médicaments spécifiques changent régulièrement. Apprenez-en davantage sur les sources d’information sur les médicaments ainsi que sur les sites où vous pouvez obtenir des renseignements sur des médicaments spécifiques.

Révision par les experts et références

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  • Jagsi R, King TA, Burstein HJ. Malignant tumours of the breast. DeVita VT Jr, Lawrence TS, Rosenberg S. eds. DeVita Hellman and Rosenberg's Cancer: Principles and Practice of Oncology. 12th ed. Philadelphia, PA: Wolters Kluwer; 2023: Kindle version, chapter 53, https://read.amazon.ca/?asin=B0BG3DPT4Q&language=en-CA.
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