Portrait

Modifier les préjugés associés au cancer du poumon

Préjugés associés au cancer du poumon

Le cancer du poumon est la forme de cancer la plus fréquemment diagnostiquée au Canada et la principale cause de décès par cancer. Tout le monde peut recevoir ce diagnostic. Cependant, le cancer du poumon est considéré comme l'un des cancers les plus stigmatisés.

Les préjugés associés au cancer du poumon sont grandement dus au lien qui est fait avec le tabagisme. Il existe portant de nombreux facteurs de risque et ce cancer ne se limite pas aux personnes ayant des antécédents de tabagisme. La recherche indique que beaucoup de gens pensent que les personnes atteintes d’un cancer du poumon sont responsables de leur maladie. Ce point de vue est injuste, car toute personne atteinte de cancer mérite des soins et du soutien tout au long de son expérience.

La stigmatisation qui entoure le cancer du poumon peut avoir un impact négatif sur l’ensemble de la communauté touchée par cette maladie, qu'il s'agisse des personnes atteintes, de leurs familles ou de leurs aidants, des médecins, des chercheurs ou des bailleurs de fonds. Les personnes atteintes d’un cancer du poumon ont l’impression de ne pas obtenir le même niveau de soutien ou de compassion que les autres, parfois même de la part de leur propre équipe soignante. La mauvaise compréhension de ce cancer peut avoir de nombreuses conséquences sur la santé personnelle et publique.

La Société canadienne du cancer (SCC) offre du soutien et de l’espoir aux personnes atteintes de tous les types de cancer. Angus Pratt et Bev Moir sont atteints d’un cancer du poumon et partagent leur histoire afin de sensibiliser le public et de contribuer à modifier les préjugés entourant cette maladie.

L’histoire d’Angus

L'expérience de cancer d'Angus Pratt a commencé au sein de sa famille. Sa mère est décédée d’un cancer du sein et son frère a eu un cancer du sein masculin. En 2018, Angus était déjà atteint d’un cancer du sein masculin lorsqu'il a reçu un diagnostic de cancer du poumon comme autre cancer primaire.

Le fait d'être atteint de deux cancers a conduit Angus à s'impliquer dans la défense de l'intérêt public pour la cause du cancer, en particulier dans la sensibilisation et la recherche associées au cancer du poumon. Alors qu’il tissait des liens dans la communauté du cancer du sein, il a constaté un manque d'attention et de connexion chez les personnes atteintes d’un cancer du poumon.

Au fil des ans, en tant que bénévole pour plusieurs conseils, conférences et organisations visant à promouvoir la recherche sur le cancer, Angus a pu constater par lui-même les stéréotypes associés au cancer du poumon. En particulier, la supposition que toutes les personnes atteintes sont des fumeurs. Il souligne que tout le monde peut avoir un cancer du poumon et constate qu'un nombre croissant de jeunes femmes reçoivent un diagnostic de cancer du poumon qui n'a rien à voir avec le tabagisme.

Le lien qui est fait entre le cancer du poumon et le tabagisme est très fort et extrêmement préjudiciable. Des gens m’ont dit que je “méritais d’avoir le cancer du poumon”, puisque je fumais. Cela est pourtant très loin de la vérité. Si vous avez des poumons, vous pouvez avoir un cancer du poumon. La communauté du cancer du poumon a adopté ce slogan pour énoncer clairement que personne ne mérite d'avoir un cancer du poumon.

Le cancer du poumon est la principale cause de décès par cancer. En 2024, 21 000 personnes sont décédées des suites d’un cancer du poumon au Canada, soit environ le même nombre de personnes décédées de cancers du sein, de la prostate et colorectal réunis. Pourtant, le cancer du poumon ne reçoit que très peu de financement pour la recherche.

En 2021, pour aider à orienter les décisions et les orientations en matière de financement, Angus est devenu partenaire patient de la Société canadienne du cancer en siégeant au Conseil consultatif sur la recherche (CCR) aux côtés d'un groupe de chercheurs. Selon lui, des fonds sont nécessaires pour changer le discours sur le cancer du poumon et il est important que les personnes atteintes puissent faire entendre leur voix au plus haut niveau décisionnel, car elles ont une perspective unique sur la recherche.

« D’après moi, le cancer du poumon n'a jamais été une priorité dans la recherche en raison du fait, entre autres, que nous ne vivions pas assez longtemps pour mettre sur pied des groupes de défense de l'intérêt public et sensibiliser les gens à ce cancer en tant que maladie, affirme Angus. Comme les personnes atteintes d’un cancer du poumon meurent très rapidement, les gens n'ont pas l'occasion d'entendre leurs témoignages. Aujourd'hui, certains d’entre nous vivent plus longtemps et nous avons la possibilité de gagner en crédibilité en nous exprimant et en étant entendus. »

Nous avons besoin de témoignages racontant l'histoire de personnes atteintes d’un cancer du poumon pour diffuser cette information auprès du grand public.

Angus continue de partager son expérience pour contribuer à changer l'avenir du cancer du poumon. Il le fait en se consacrant à la défense de l'intérêt public et au soutien de la communauté des personnes atteintes de cancer.

Angus Pratt assis à une table sous les arbres, les bras croisés.
Angus Pratt

L’histoire de Bev

Lorsque Bev Moir a décidé de consulter son médecin pour deux rhumes persistants en 2019, elle ne s'attendait pas à l’annonce d'un cancer du poumon de stade 4. À 68 ans, Bev menait une vie très saine. Elle n'avait jamais fumé, elle mangeait et dormait bien et ne se sentait pas très différente à l’annonce de son diagnostic. Celle-ci a donc été un choc total. Elle a alors compris que le cancer du poumon pouvait toucher n'importe qui.

Malgré cela, lorsque l’entourage de Bev a appris qu'elle avait un cancer du poumon, on lui a souvent demandé si elle avait déjà fumé. Avant son diagnostic, Bev pensait aussi que le tabagisme était le seul facteur de risque du cancer du poumon.

« Jusqu'à 20 % d'entre nous [personnes atteintes d’un cancer du poumon] n'ont jamais fumé. C'est un aspect que le grand public ignore et nous devons le sensibiliser à ce sujet, explique Bev. Lorsqu’on me demandait si j'avais déjà fumé, je profitais de l’occasion pour changer leur perception en répondant : “ Non, je n'ai jamais fumé et, en réalité, toute personne qui a des poumons peut avoir un cancer du poumon.” Je poursuivais en expliquant à quel point les symptômes sont subtils et en précisant que même les prestataires de soins de santé primaires n’envisagent pas le cancer du poumon chez une personne qui n'a jamais fumé. »

Lorsque Bev réfléchit à son expérience du cancer du poumon, elle se rend compte que, en général, beaucoup de gens ne pensent pas à protéger leurs poumons dans leur vie quotidienne. Pourtant, la pollution, la fumée secondaire et le radon sont des facteurs de risque courants.« Il est vraiment important que les gens soient proactifs et qu’ils ne tiennent pas leur santé pour acquise. Faites-vous vacciner et passez des examens de dépistage si vous êtes admissible », dit-elle.

Depuis son diagnostic, Bev s'est impliquée dans la prise de parole publique et dans la défense de l'intérêt public en faveur de changements et de sensibilisation au cancer du poumon.

Cela faisait partie de mon apprentissage sur le cancer du poumon. J’ai pris conscience du fait que la stigmatisation a freiné les progrès dans ce domaine et que cela doit changer. Je suis très motivée à sensibiliser le public et à essayer de faire évoluer les choses pour que toutes les personnes atteintes d’un cancer du poumon aient accès aux outils de diagnostic nécessaires, aux médicaments qui leur conviennent, ainsi qu’au soutien et aux soins continus dont elles ont besoin.

Selon le rapport Statistiques canadiennes sur le cancer 2023, 70 % des cancers du poumon sont diagnostiqués au stade 3 ou 4. Moins de 16 % des personnes qui reçoivent un diagnostic à ces stades avancés ont une espérance de vie supérieure à cinq ans après le diagnostic.

« Il est vraiment important que le cancer du poumon soit dépisté et diagnostiqué plus tôt, lorsque les possibilités de traitement sont plus nombreuses et que les résultats sont meilleurs pour les personnes atteintes. L'une des limites des programmes de dépistage actuels est qu'ils sont conçus pour les personnes à risque élevé, c'est-à-dire celles qui ont un long passé de tabagisme », explique Bev.

N'importe qui peut recevoir un diagnostic de cancer du poumon. Les critères de dépistage doivent être élargis pour inclure plus de gens. Les programmes de dépistage actuels n'auraient pas permis mon diagnostic à un stade précoce.

En tant que militante pour la cause du cancer du poumon, Bev comprend l'importance de la défense de l'intérêt public et encourage toute personne souffrant d'un problème pulmonaire grave à s'exprimer.

« Nous faisons vraiment une différence. Il est important que les décideurs politiques comprennent ce que signifie avoir un cancer du poumon et l'impact que cela a sur nos vies. Nous pouvons faire passer ce message en partageant nos histoires », explique Bev.

Dans mon rôle de militante de la cause du cancer du poumon, il est important pour moi de parler au nom des personnes qui ne peuvent pas le faire. Au cours des cinq années de mon expérience de cancer du poumon, beaucoup d'autres personnes atteintes et amis sont décédés. Lorsque j'hésite à m'exprimer ou que je suis nerveuse à l'idée de parler aux décideurs, je pense à ces personnes qui n'ont plus de voix et cela me pousse à aller de l'avant.

Bev Moir prend la parole pour promouvoir la détection précoce du cancer du poumon

[Bev Moir est assise devant un arrière-plan jaune aux couleurs de la Société canadienne du cancer, et elle s’adresse directement à la caméra.]

Bev Moir : Malgré mon diagnostic, j’ai une excellente qualité de vie.

Texte à l’écran : Bev Moir. Militante contre le cancer.

Bev Moir : Je pense que la plupart des gens qui ne me connaissent pas et qui me voient marcher dans la rue avec entrain, traîner mon sac de golf et marcher sur le terrain, faire du yoga ou encore de la marche rapide, ne devineraient jamais que je vis avec un cancer du poumon de stade 4.

Bev Moir : Un rapport de la Société canadienne du cancer montre que 50 % des cas de cancer du poumon sont diagnostiqués au stade 4, ce qui signifie que la maladie s’est propagée à d’autres parties du corps. Il est primordial que le cancer du poumon soit dépisté et diagnostiqué plus tôt, alors qu’il existe plus d’options de traitement et de meilleures issues pour les personnes atteintes. Un des problèmes avec les programmes de dépistage actuels, ou une de leurs limites, c’est qu’ils sont conçus pour les personnes à haut risque, donc les fumeurs ou les gens qui ont longtemps fumé par le passé.

Bev Moir : Je fais partie des 20 % de la population qui n’ont jamais fumé. Les programmes de dépistage actuels n’auraient jamais détecté ni diagnostiqué mon cancer à un stade plus précoce, car ils n’existent pas pour les non-fumeurs. Toute personne qui a des poumons peut développer cette maladie. Il est crucial de mettre en place un programme de détection précoce du cancer du poumon, pour mettre un frein à cette maladie dès que possible.

Texte à l’écran : Pour en savoir plus, visitez cancer.ca.

[Le logo de la Société canadienne du cancer et les mots « Ça prend une société » apparaissent à l’écran.]

Aidez-nous à changer l’avenir du cancer du poumon

Malgré les progrès réalisés dans le traitement, le dépistage et le diagnostic, le cancer du poumon reste la principale cause de décès liés au cancer au Canada.

La SCC et ses partenaires ont lancé le Plan d’action pancanadien de lutte contre le cancer du poumon 2026-2035. Il s’agit d’une feuille de route visant à réduire de 30 % la mortalité attribuable au cancer du poumon au cours de la prochaine décennie. Élaboré avec la participation des patients, aidants, cliniciens, aînés autochtones, chercheurs, organismes de bienfaisance dans le domaine de la santé et représentants du gouvernement, le plan d'action vise à prévenir le cancer du poumon, à le détecter plus tôt, à accélérer la recherche et à assurer un accès équitable et en temps opportun aux meilleurs soins possibles.

La SCC appelle les gouvernements, les responsables des systèmes de santé, les chercheurs, l'industrie, les communautés et les particuliers à travailler ensemble pour résoudre la crise du cancer du poumon au pays.

En savoir plus sur le Plan d’action de lutte contre le cancer du poumon.