Portrait

Cancer de la prostate : Reprendre goût à la vie après 7 ans de traitements

Au début de l’année 2017, Sébastien enseigne les sciences à l’école secondaire Paul-Hubert de Rimouski. À ce moment-là, la vie est douce : il est amoureux, ses enfants grandissent normalement, il aime son métier.

Sébastien est sur un banc avec sa conjointe et ses deux fils
Sébastien avec sa famille

Son père a eu un cancer de la prostate à un âge avancé. Sébastien, encore jeune, sans symptômes classiques, ne se souciait pas d’en être aussi atteint, et ce, même si sa vessie montrait des signes d’hyperactivité.

« Je n’avais que 47 ans, je me croyais trop jeune pour un cancer. »

Sa conjointe de l’époque lui conseille tout de même de consulter son médecin pour s’assurer que tout est normal. Après plusieurs tests, le diagnostic tombe : cancer.

« Ce résultat était le premier coup de masse. »

Sébastien est sous le choc, ses proches aussi. Il vit une période d’angoisse, la première de plusieurs. 

Trouver un traitement efficace

L’opération subie à l’Hôtel-Dieu de Québec se déroule bien, même mieux qu’anticipée. Avant la chirurgie, son médecin informe Sébastien que sa prostate est tellement grosse qu’il est possible qu’une partie de son intestin doive être retiré. La possibilité de subir une stomie le rend encore plus anxieux.

« Au réveil, la première chose que j’ai vérifiée, c’est si un sac avait été installé. »

Heureusement, ce n’était pas le cas. Sa prostate est donc enlevée comme prévu. Un deuxième coup dur l’atteint toutefois peu de temps après : les résultats de pathologie révèlent la présence de cellules cancéreuses dans les ganglions. Pendant six mois, il subit six traitements de chimiothérapie à raison d’un par mois en plus d’injections pour bloquer la testostérone. Les effets secondaires sont pénibles, mais c’est sa vie qui est en jeu.

Plein d’espoir, Sébastien rencontre ensuite son médecin pour un suivi. Les nouvelles sont mauvaises, les traitements ne fonctionnent pas. Les valeurs de l’APS (protéine fabriquée par les cellules de la prostate) et de la testostérone restent hautes. C’est le troisième coup dur.

Pour répondre à des questions qui l’inquiètent, il se tourne vers la Ligne d’aide et d’information sur le cancer de la Société canadienne du cancer. Il discute au téléphone avec une spécialiste en information. Grâce à ses réponses précises, elle apaise Sébastien, qui comprend mieux certains aspects de sa maladie, de ses traitements et de leurs effets.

À la fin de 2018 arrive l’enzalutamide, un médicament qui empêche les cellules cancéreuses d’utiliser la testostérone pour croître et qui fait toute la différence pour Sébastien : « J’ai gagné à la loterie de la vie ce jour-là. L’APS est tombée à zéro. Je n’ai plus aucun signe de métastases depuis. J’ai des frissons quand j’en parle. »

S’adapter après le traitement

Sébastien a changé certaines habitudes pour améliorer sa qualité de vie. Il a entre autres appris à respecter les limites de ses capacités physiques.

« Avant, j’avais une chaudière d’eau comme énergie. Maintenant, j’ai un petit verre. Si je le vide, ça me prend des jours voire des semaines pour m’en remettre. »

Il s’active pour maintenir sa forme physique, affectée par la baisse d’énergie et la testostérone bloquée.

Ces changements auront une autre incidence difficile : d’un commun accord, sa compagne de l'époque et lui se séparent. « Nous n’étions plus à la même place. » Ce quatrième coup de masse a été l’un des plus durs. Tant qu’il était en couple, sa réalité lui semblait plus gérable. Une fois seul, la dépression le guette.

Sébastien assis à une table de restaurant, souriant et le pouce levé
Sébastien Ouellet

Vivre autrement et être heureux

Après un congé de maladie de sept ans, Sébastien a repris son poste d’enseignant cette année à l’école secondaire du Mistral de Mont-Joli (Québec). Ses collègues l’ont accueilli avec une empathie extrêmement réconfortante. Il est à sa place à l’école.

Il retrouve ses repères, tout en travaillant à son bonheur. Il prend soin de lui et savoure tous les petits moments avec ses enfants.

« Les priorités changent, le matériel ne compte plus, ce n’est pas ça qui est important. » 

Sébastien est bien conscient qu’un diagnostic précoce aurait changé son parcours de soin et été plus favorable à son pronostic de survie. C'est pourquoi il est essentiel pour lui de sensibiliser les hommes au cancer de la prostate.

Je le dis à tout le monde que je rencontre, tous les hommes devraient passer un test sanguin à partir de 40 ans. C’est simple.
Sébastien devant un tableau blanc dans une classe de science
Sébastien dans sa classe de sciences
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