Comprendre les inégalités dans les soins contre le cancer@(Model.HeadingTag)>
Comme chercheuse et oncologue spécialisée en radiothérapie qui traite des cancers du sein et gynécologiques, la Dre Jennifer Croke souhaite comprendre le point de vue des patients durant tout leur parcours de cancer. Elle cherche à savoir ce que les professionnels de la santé peuvent faire pour améliorer leur expérience, et à fournir les soins les plus accessibles, équitables et inclusifs possible.

Dans son travail à la clinique de gynécologie du Centre de cancérologie Princess Margaret à Toronto, la Dre Croke a remarqué que les membres de la communauté transgenre ou de diverses identités de genre (TGD) faisaient face à des disparités en matière de santé liée au cancer.
« Je traite des cancers du sein et des cancers gynécologiques, qui sont généralement perçus comme des cancers genrés. Lorsque nous pensons à ces cancers, nous pensons aux femmes ou aux personnes nées femmes. Mais le cancer du sein touche aussi 1 % des hommes, et les cancers gynécologiques peuvent atteindre les personnes qui sont nées femmes, mais ne s’identifient pas comme telles », explique la chercheuse.
Lorsque la Dre Croke a commencé à traiter un homme trans à la clinique de gynécologie, un grand nombre de ses collègues ont reconnu qu’ils ne se sentaient pas outillés pour répondre aux besoins de cette clientèle. « Cette situation a mis en lumière les inégalités actuelles. Comme professionnels de la santé, c’est notre tâche de fournir des soins de haute qualité axés sur les patients. Si nous n’agissons pas, cet écart continuera de se creuser et de nuire à l’expérience des personnes TGD », dit la Dre Croke.
Je travaille au centre Princess Margaret, un gros centre de recherche sur le cancer porteur d’innovation. Si j’y vois des inégalités aussi prononcées, c’est certain qu’il y en a aussi dans d’autres cliniques.
Les obstacles aux soins contre le cancer pour les personnes transgenres ou de diverses identités de genre@(headingTag)>
Les personnes TGD peuvent rencontrer de nombreux obstacles en cherchant des soins, notamment la peur de la discrimination ou de devoir « sortir du placard », un sentiment d’insécurité et des inquiétudes quant aux professionnels de la santé et aux systèmes qui pourraient ne pas comprendre leur expérience ou leur parcours. Ces barrières peuvent les mener à éviter les soins de santé et à être moins satisfaites des soins reçus.
La plupart des ressources éducatives et du soutien offerts sont aussi conçus pour les personnes cisgenres et hétérosexuelles. Les questions sur les besoins des personnes appartenant à des groupes démographiques différents demeurent souvent sans réponse.
Si une personne entre dans un centre de cancérologie et ne se sent pas en sécurité ou en confiance, ou si cette personne a l’impression que l’information transmise n’est pas pertinente ou adaptée à sa situation, son parcours débute sans qu’elle ne forme une relation thérapeutique avec ses professionnels de la santé.
La Dre Croke explique qu’en raison de ces écarts, les personnes trans évitent souvent de consulter des médecins. Par conséquent, les membres de la communauté TGD sont moins enclins à faire des tests de dépistage préventifs. Leurs cancers sont donc diagnostiqués à un stade plus avancé et leurs pronostics, plus sombres.
Les personnes TGD ont également des taux d’anxiété, de détresse psychosociale et de dépression plus élevés que la moyenne. Elles courent un plus grand risque de développer certains cancers, dont le cancer de la prostate et ceux associés au VPH.
« C’est en voyant ces inégalités dans notre clinique que j’ai voulu agir », raconte la Dre Croke.
Nous avons la responsabilité d’agir et d’entraîner un changement pour offrir un accès plus sécuritaire, équitable et inclusif aux soins de santé.
Un projet pour favoriser les soins équitables et inclusifs@(Model.HeadingTag)>
Appuyée par du financement de la Société canadienne du cancer, la Dre Croke dirige un projet visant à combler le déficit de connaissances dans les soins contre le cancer à l’intention des personnes TGD.
La chercheuse et son équipe comptent utiliser leurs constats pour élaborer des lignes directrices sur des soins inclusifs pour les personnes TGD. L’équipe créera du matériel éducatif pour aider les professionnels de la santé à mieux servir les patients de cette communauté, les entraîner à utiliser un langage inclusif avec confiance, et les aider à mieux comprendre les parcours et expériences de ces personnes, et les données à leur sujet.
Le but ultime sera de faire progresser les soins équitables, accessibles et inclusifs pour tous les patients qui se rendent dans tous les centres de cancérologie au pays. Les personnes TGD sont l’une des clientèles pour laquelle nous essayons d’améliorer l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accessibilité. Nous voulons éliminer les obstacles qui les freinent dans de nombreux volets des soins de santé, dont l’oncologie.
La première partie de l’étude de l’équipe vise à mieux comprendre les expériences et les perspectives des personnes TGD atteintes de cancers gynécologiques. La Dre Croke et son équipe nationale collaboreront avec des patients partenaires TGD, des professionnels de la santé et des organismes communautaires comme Praxus Health, Queering Cancer et le programme Sexual and Gender Diversity in Cancer du centre Princess Margaret. « Ce type d’étude est très important en 2025, vu le climat politique et environnemental actuel, dit la Dre Croke. Il y a eu de nombreuses lois et politiques anti-trans, qui ont rendu ce groupe encore plus marginalisé et ont aggravé la discrimination qu’il subit. En recherche, on voit un définancement majeur des initiatives visant à faire progresser l’équité, la diversité, l’inclusion, l’anti-racisme et l’accessibilité. »
En cherchant à accroître l’inclusion dans les hôpitaux et les institutions, et à informer plus de professionnels de la santé grâce à ce projet, la Dre Croke et son équipe espèrent encourager la recherche inclusive dans d’autres sphères.

Comme professionnels de la santé, c’est notre responsabilité de veiller à ce que tous les patients reçoivent les meilleurs soins possible. Et pour y arriver, les patients doivent se sentir en sécurité, doivent faire confiance aux professionnels et au système, et doivent sentir qu’iels ont un accès équitable aux ressources et aux traitements, et que leur valeur comme patients et personnes est reconnue.