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Cinq projets susceptibles de révolutionner la recherche sur le cancer

Et si les idées créatives étaient la clé pour changer l’avenir du cancer? Bien souvent, la recherche de rupture ouvre de nouvelles voies thérapeutiques. Mais les scientifiques obtiennent rarement les subventions nécessaires, faute de données initiales pour appuyer leurs idées.

C’est pourquoi la Société canadienne du cancer (SCC) et la Fondation Lotte and John Hecht se sont alliées pour soutenir des idées audacieuses. Les Subventions pour l’innovation de rupture en recherche de la SCC/Fondation Hecht sont destinées à des projets de recherche novateurs qui visent à transformer la vie des personnes atteintes de cancer.

Grâce à la générosité de donateurs et de partenaires, le programme verse 3,6 M$ pour financer 15 projets de recherche à risque élevé et à fort potentiel. Découvrez ici cinq de ces projets.

Un test sanguin pour les jeunes femmes

Imaginons une technologie laser qui aide à déceler un cancer du sein plus tôt chez de jeunes personnes.

C’est ce sur quoi travaille l’équipe de la Dre Saima Hassan au Centre de recherche du CHUM : une nouvelle analyse sanguine qui permet de détecter la présence, ou le risque d’apparition, d’un cancer du sein chez des jeunes femmes. Les chercheurs braqueront une lumière laser spéciale sur des échantillons de sang pour trouver un cancer, étudier les cellules immunitaires et comparer les cellules prélevées chez des jeunes femmes atteintes et exemptes de cancer du sein.

« Cette approche pourrait améliorer le dépistage chez les jeunes femmes, rendant la détection du cancer plus rapide, plus accessible et plus précise », dit la Dre Hassan.

Dre Saima Hassan et son équipe.
Dre Saima Hassan (en haut à gauche) et son équipe

L’IA pour découvrir de nouveaux médicaments

Si l’on trouvait de nouveaux médicaments qui renforcent la capacité du système immunitaire à combattre le cancer, plus de personnes pourraient bénéficier de traitements qui sauvent la vie. La découverte de nouveaux médicaments est souvent un processus lent et coûteux, mais l’intelligence artificielle (IA) peut aider.

Les chercheurs Ali Bashashati, Ph. D., à l’Université de la Colombie-Britannique et Taha Azad, Ph. D., à l’Université de Sherbrooke sont en quête d’un meilleur moyen de trouver des traitements anticancéreux qui stimulent le système immunitaire. Leur méthode, qui combine l’IA et un test de laboratoire spécial, permet d’étudier des milliers de nouveaux médicaments potentiels plus vite que jamais.

« Investir dans des approches d’IA novatrices comme celle-ci accélère les percées et sauve des vies, de sorte que de meilleurs traitements arrivent plus rapidement aux patients qui en ont le plus besoin », dit Ali Bashashati.

Photos du visage des chercheurs Ali Bashashati, Ph. D., et Taha Azad, Ph. D.
Les chercheurs Ali Bashashati, Ph. D., (à gauche) et Taha Azad, Ph. D.

Un nouveau type d’immunothérapie

L’immunothérapie aide le système immunitaire du corps à combattre le cancer en utilisant ses propres cellules. Ce sont habituellement des cellules appelées lymphocytes T qui passent à l’attaque, mais d’autres cellules immunitaires pourraient-elle aussi participer à l’assaut?

Cette idée hors des sentiers battus est à l’origine des travaux menés par le chercheur Anthony Rullo, Ph. D., et son équipe à l’Université McMaster sur un traitement anticancéreux par des cellules immunitaires spéciales appelées macrophages. Ils croient que la mobilisation de ces cellules pourrait améliorer les résultats pour de nombreux types de cancer.

Sans programmes qui financent des recherches imaginatives, ils pourraient n’avoir jamais exploré leur idée. « Les fonds accessibles par des mécanismes comme les Subventions pour l’innovation de rupture offrent le carburant essentiel pour faire avancer une façon de penser plus atypique », affirme Anthony Rullo.

Le chercheur Anthony Rullo, Ph. D., debout près de 11 jeunes membres d’une équipe dans un couloir.
Le chercheur Anthony Rullo, Ph. D., (à gauche) et son équipe

Cellules lumineuses et virus destructeurs de cancer

Nous avons toujours besoin de chercheurs brillants, mais s’il y avait aussi des cellules brillantes?

Des chercheurs de l’Institut de recherche de L’Hôpital d’Ottawa ont proposé une nouvelle technique formidable pour découvrir de meilleurs médicaments contre le cancer.

Le chercheur Jean-Simon Diallo, Ph. D., et ses collègues étudieront de nouveaux médicaments au moyen d’un test de laboratoire qui produit une lumière en cas d’interactions entre certaines protéines qui régissent le cancer. Si un médicament met fin à ces interactions, la lumière s’estompe pour indiquer qu’il pourrait être efficace comme traitement anticancéreux.

L’équipe étudiera également si ces médicaments peuvent être jumelés à des virus qui aident le système immunitaire à localiser et à cibler le cancer.

Jean-Simon Diallo rêve d’atteindre un point où un diagnostic de cancer ne rimera plus avec la peur de mourir. « L’une de mes plus grandes motivations dans ma carrière en recherche sur le cancer, c’est d’apporter de l’espoir en trouvant de nouvelles options de traitement », dit-il.

Le chercheur Jean-Simon Diallo, Ph. D., et son équipe.
Le chercheur Jean-Simon Diallo, Ph. D., (en haut à gauche) et son équipe

Traitement ciblant un gène

Les personnes atteintes de leucémie ne répondent pas toutes bien au traitement, et il faut de nouvelles stratégies pour celles qui n’obtiennent pas une bonne réponse. Fort heureusement, des chercheurs s’attaquent au problème.

Lorsque les cellules se reproduisent, leur ADN se divise en deux segments, mais parfois d’une manière imparfaite. Il arrive que des fragments d’ADN collent ensemble, formant ainsi des « gènes de fusion ». Ces gènes risquent d’entraîner une leucémie, mais peuvent aussi être des cibles prometteuses pour le traitement.

À l’Institut de recherche Sunnybrook, une équipe dirigée par le chercheur Juan Carlos Zúñiga-Pflücker, Ph. D., crée par génie génétique des cellules immunitaires spéciales capables de localiser et de cibler les gènes de fusion associés à la leucémie.

« Cette possibilité unique de financement a été cruciale pour que nous puissions explorer un traitement novateur de la leucémie », dit Juan Carlos Zúñiga-Pflücker. Il espère que ses travaux aideront aussi un jour à traiter d’autres maladies.

Le chercheur Juan Carlos Zúñiga-Pflücker, Ph. D., et le Dr Michael Hart-Matyas, ensemble.
Le chercheur Juan Carlos Zúñiga-Pflücker, Ph. D., (à droite) et son coéquipier, Dr Michael Hart-Matyas