C’est l’objectif que s’est fixé la chercheuse Julia Burnier, Ph. D., dans le cadre des travaux financés par la SCC qu’elle mène à l’Université McGill sur un nouveau type d’analyse appelé une biopsie liquide.

« L’un des défis, c’est que le cancer évolue et change constamment. Les biopsies classiques sont effractives, coûtent cher et ne donnent qu’un tableau statique de la maladie d’un patient. La biopsie liquide remédie à cette lacune, car il s’agit d’une option de rechange non effractive qui peut être répétée dans le temps. »
Les biopsies classiques consistent à prélever, par chirurgie, des fragments de tissus de la tumeur pour les analyser. Les biopsies liquides se font à partir d’échantillons de sang, de salive ou d’urine. Puisque ces échantillons sont plus faciles à recueillir, les biopsies liquides sont plus rapides et causent moins d’inconfort. Elles comportent beaucoup moins de risques, car aucune intervention chirurgicale n’est requise.
« Dans ces échantillons, nous pouvons détecter des biomarqueurs liés au cancer comme des cellules cancéreuses ou de l’ADN qui vient de ces cellules, explique Julia Burnier. Cette approche permet de détecter un cancer plus tôt, de surveiller en temps réel sa réponse au traitement et de mieux comprendre comment il change au fil du temps. Tout cela peut se traduire par des soins plus personnalisés et plus efficaces. »
Le but de Julia Burnier est d’améliorer les biopsies liquides en déterminant comment l’ADN tumoral varie en réponse au traitement. Avec des analyses sanguines régulières, il sera donc possible de vérifier les résultats d’un traitement anticancéreux en cours et, au besoin, de prescrire d’autres traitements. Avec des biopsies de tissus, c’est une tâche difficile, parfois même impossible.

« Les personnes atteintes de cancer doivent subir de multiples biopsies, et l’idée d’une biopsie liquide indolore sans temps d’arrêt pour la guérison et sans risque d’infection ou de complications changerait les choses pour bon nombre d’entre eux, dit Jennifer Coish, militante pour les droits des patients et bénévole, Défense de l’intérêt public, à la SCC. Trop souvent, les patients doivent attendre plusieurs semaines avant d’obtenir les résultats des analyses de leurs échantillons. Avec des biopsies liquides, nous pourrions réaliser des économies de temps et d’argent, et épargner des interventions effractives aux personnes atteintes de cancer qui ont déjà leur lot de défis dans le système de soins de santé actuel. »
Grâce à Julia Burnier et à d’autres chercheurs dans le domaine, nous avons maintenant la capacité de détecter de minuscules fragments d’ADN tumoral avec plus de sensibilité que jamais. « Cela nous permet de surveiller la maladie au fil du temps en utilisant des approches extrêmement sensibles, poursuit Julia Burnier. Par exemple, une fois le traitement terminé, nous pouvons vérifier si une personne atteinte a ce que nous appelons une maladie moléculaire, c’est-à-dire un infime signe de cancer qui ne serait pas détecté par imagerie. »
Une maladie moléculaire détectée tôt signifie une maladie qui peut être traitée avant de progresser.
« En comprenant la maladie à cette échelle moléculaire en temps réel, nous pouvons adapter – ou personnaliser – le traitement, conclut Julia Burnier. Autrement dit, nous administrons seulement le traitement nécessaire au moment où il est nécessaire, ce qui améliorera les soins, mais aura aussi un impact important sur la qualité de vie des personnes atteintes de cancer. »