Portrait

Policiers contre le cancer : les humbles débuts d’un mouvement incroyable

Pendant son quart de travail, le policier Gary Goulet s’est arrêté chez sa sœur pour lui rendre visite. Quand elle lui a parlé du petit voisin d’en face, Lyle, sa vie s’en est trouvée changée à jamais. Le gamin de cinq ans recevait de la chimiothérapie et les autres enfants se moquaient de lui parce qu’il avait perdu tous ses cheveux. Cette situation dérangeait Gary.

Il a ainsi demandé à la mère de Lyle s’il pouvait l’emmener au poste de police pour le lui faire visiter et le présenter à son équipe. À la fin de la visite, Gary et Lyle ont voulu prendre une photo ensemble. Les autres policiers ont essayé d’y prendre part, mais Gary, lui-même chauve, a rétorqué : « Il faut être chauve pour être sur la photo! » C’est alors que, sans hésitation, ses collègues ont fait la file dans le stationnement du poste de police pour se faire raser la tête.

« Je voulais simplement montrer à Lyle que c’était cool de ne pas avoir de cheveux », explique Gary. Mais, leur histoire ne s’est pas arrêtée là.
L’officier Gary avec d’autres cyclistes de Policiers contre le cancer

La nouvelle du rasage de tête fait le tour du pays

L’histoire du rasage de tête impromptu dans le stationnement du poste a fait la manchette des journaux nationaux. Les lecteurs de l’ensemble du Canada ont été touchés par la bonté de Gary, y compris une Ontarienne appelée Lorna qui lui a écrit une lettre. Sa fille était elle-même survivante d’un cancer infantile et Lorna tenait à remercier le policier d’être une source d’inspiration pour les enfants atteints de cancer.

La dernière phrase de la lettre invitait Gary à mettre les autres services de police au défi pour amasser des fonds. « Je me suis dit qu’il s’agissait peut-être d’une bonne idée », affirme Gary.

Il a ensuite communiqué avec la Société canadienne du cancer pour lui faire savoir qu’il souhaitait recueillir des fonds pour appuyer la recherche sur le cancer. Il a commencé à laisser des boîtes à dons dans les postes de police d’Edmonton. Même s’il ne s’attendait pas à grand-chose au départ, ses modestes efforts ont permis d’amasser 5000 $ la première année.

Jeter les bases d’un grand succès

Gary a bientôt réalisé qu’il pouvait en faire encore plus et il a décidé d’organiser des rase-thons dans les postes de police. Grâce au bouche-à-oreille et à une bonne couverture médiatique, ces événements ont commencé à voir le jour dans l’ensemble du pays et c’est ainsi que Policiers contre le cancer a pris forme.

« Ce mouvement a donné l’occasion aux policiers d’interagir avec le public et de soutenir leur communauté, déclare Gary. Il permet de voir les agents d’un autre œil. »

La collecte de fonds a très rapidement attiré l’attention de la population.

« À l’époque, avoir la tête rasée n’était pas très commun, ajoute Gary. Ainsi, quand douze autres agents arrivaient avec la tête rasée au début des quarts de travail, les membres de la communauté commençaient à nous reconnaître comme les policiers qui appuient la cause du cancer. »

Travailler au front pour les enfants

« En très peu de temps, nous sommes devenus le plus grand bailleur de fonds externe de la Société canadienne du cancer, dit Gary. Je suis fier de l’ampleur du mouvement et du montant total qu’il a permis d’amasser, mais je suis particulièrement fier du nombre d’enfants qui ont pu en bénéficier. »

Depuis plus de 20 ans, les fonds recueillis grâce à Policiers contre le cancer servent à aider les enfants touchés par le cancer et leurs proches. Les dons contribuent au financement de la recherche qui sauve des vies et de programmes de soutien exceptionnels, comme le Camp Goodtimes, qui rend l’expérience du cancer moins pénible pour les familles.

« Tout le monde a été touché d’une manière ou d’une autre par le cancer. C’est pourquoi autant de policiers ont désiré montrer qu’ils appuyaient la cause et y participer », explique Gary.

Au fil des années, Policiers contre le cancer s’est transformé en quelque chose d’encore plus grand et il dépasse maintenant le corps policier. Aujourd’hui, les premiers répondants de toutes sortes prennent part à Policiers contre le cancer au Canada. Au-delà des rase-o-thons, ils font aussi des circuits à vélo permettant chaque année d’amasser des milliers de dollars pour soutenir la cause du cancer infantile.

Quant à Gary, il est maintenant retraité, mais il chérit les souvenirs du temps où il était policier et où il a fondé Policiers contre le cancer. Nous remercions Gary pour toutes ses réalisations, que ce soit dans le cadre de son travail ou comme humble bénévole. Nous vous saluons, Gary!