Portrait

L’avenir des vaccins contre le cancer

« J’ai décidé de me lancer dans la recherche sur le cancer, car le cancer fait partie de la condition humaine », explique le Dr Claude Perreault, chercheur à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) et professeur à l’Université de Montréal.

Avant de devenir un éminent chercheur dans le domaine du cancer, le Dr Perreault était un clinicien qui s’occupait de personnes atteintes d’un cancer hématologique. Il aimait les défis et était déterminé à traiter les pires formes de cette maladie.

Cependant, au fil du temps, il a constaté que la peine qu’il éprouvait lorsqu’il perdait un patient ou une patiente était plus grande que la fierté et le bonheur qu’il ressentait lorsqu’il réussissait à sauver des vies. Comme il avait perdu une petite sœur des suites d’un cancer, il vivait souvent un deuil similaire avec les personnes qu’il n’avait pas pu aider.

Il a alors décidé de consacrer sa carrière à trouver une solution.

Parce que [le cancer] est inhérent à la condition humaine et est si douloureux, j’ai décidé de consacrer ma carrière à la recherche sur cette maladie.

« La cause principale de plusieurs types de cancer est simplement de la malchance; des erreurs dans la copie de l’ADN lors de la division cellulaire, dit le Dr Perreault. On ne peut rien faire pour empêcher que cela se produise. Ces erreurs constituent un élément inévitable et cruel de la condition humaine. Seule la recherche peut changer les choses. »

Le Dr Claude Perreault souriant devant l’appareil photo, les mains dans le dos, vêtu d’un sarrau arborant une épinglette jonquille.
Dr Claude Perreault

Une percée en recherche

L’objectif des travaux de recherche du Dr Perreault était de mettre au point un vaccin pour traiter le cancer. Grâce au soutien de la Société canadienne du cancer (SCC), son équipe a réalisé une percée en décembre 2018.

Comme bien des équipes à travers le monde, celle du Dr Perreault tentait de trouver des antigènes spécifiques au cancer : des molécules présentes uniquement dans les cellules cancéreuses que le système immunitaire est en mesure de reconnaître. Lorsque le système immunitaire reconnaît ces molécules, il peut tuer la cellule cancéreuse.

Pour créer un vaccin contenant des antigènes spécifiques au cancer, les chercheurs devaient savoir quelle était la structure moléculaire de l’antigène.

L’équipe a examiné toutes les molécules standards qu’elle pouvait, mais n’a pas réussi à en trouver une qui correspondait à un antigène spécifique au cancer. Elle s’est alors demandé si, après tout, les antigènes qu’elle cherchait n’étaient pas des molécules standards.

Deux chercheuses portent un sarrau et des gants; l’une tient un flacon de verre contenant un liquide clair et l’autre plonge un outil dedans.
(de gauche à droite) : Caroline Côté et Leslie Hesnard

« Nous savions une chose à ce moment-là. Quand nous examinons l’ADN d’une personne, nous savons que l’ADN du cancer est anormal. Ce que les gens appellent gènes représente 2 % de tout notre ADN. Le reste de l’ADN s’appelle de l’ADN poubelle », explique le Dr Perreault.

L’équipe s’est alors demandé : et s’il était possible que la réponse se trouve dans l’ADN poubelle?

Jusqu’à 2018, les scientifiques du monde entier n’étudiaient que 2 % du génome. Grâce à l’aide d’informaticiens, l’équipe du Dr Perreault a créé des outils pour étudier l’ensemble du génome, y compris l’ADN poubelle, en espérant trouver les antigènes spécifiques au cancer que tout le monde cherchait.

Les résultats ont donné raison à l’équipe, qui a trouvé un grand nombre d’antigènes spécifiques au cancer codés par l’ADN poubelle.

Deux chercheurs regardent un écran d’ordinateur dans un laboratoire. La chercheuse à droite pointe l’écran.
(de gauche à droite) : Claude Perreault et Anca  Apavaloaei

La percée que nous avons réalisée est quelque chose que tous les groupes de recherche à travers le monde tentaient de découvrir.

L’équipe était alors prête à mettre au point son vaccin contre le cancer.

Après avoir découvert les antigènes, elle a traité des souris atteintes de cancer avec des vaccins contenant ces antigènes. Leurs tumeurs ont rétréci.

Sans le financement de la Société canadienne du cancer, je ne suis pas tout à fait sûr que nous aurions pu réaliser cette percée. Ça aurait à tout le moins pris beaucoup plus de temps et je suppose que ça n’aurait finalement pas abouti.

Vaccins contre le cancer : de l’espoir pour l’avenir

À la suite des progrès concrets obtenus, l’équipe du Dr Perreault espère que les premiers essais cliniques commenceront dans tout au plus deux ans.

« Il n’y aura pas un seul vaccin pour tous les cancers ou pour tous les types de cancer. Mais nous pensons qu’il est maintenant possible, par exemple, d’avoir un vaccin pour les personnes atteintes d’un cancer du sein ou du poumon. Donc, un vaccin par type de cancer », avance le Dr Perreault.

Ce n’est pas un rêve irréalisable. C’est véritablement basé sur des données fiables. Et j’espère que ça se concrétisera dans quelques années.

Trois chercheurs à l’œuvre dans un laboratoire sourient. Leur sarrau arbore le logo de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC).
(de gauche à droite) : Leslie Hesnard, Gabriel Ouellet-Lavallée and Caroline Côté

Le Dr Perreault et son équipe espèrent que les vaccins qu’ils mettent au point comporteront trois avantages. 

  • S’ils sont aussi efficaces sur les humains que sur les souris, ces vaccins aideront à guérir les personnes atteintes de types de cancer particulièrement résistants.
  • L’équipe du Dr Perreault s’attend à ce que ces vaccins aient très peu d’effets secondaires comparativement aux traitements tels que la chimiothérapie.
  • L’équipe s’attend aussi à des bénéfices relativement au coût et à l’abordabilité de ces vaccins. « Nous travaillons sur des vaccins standards, c’est-à-dire des vaccins qui pourront traiter tous les patients atteints d’un type de cancer. Ils n’auront pas à être adaptés à chaque patient. Cela réduira énormément les coûts et rendra ces vaccins relativement bon marché », poursuit le Dr Perreault.

L’espoir constitue un aspect important du travail de recherche du Dr Perreault.

Une chose est sûre : nous voulons que l’avenir soit meilleur que le présent. Quand on fait de la recherche et qu’on tente de trouver une solution, l’optimisme est une condition essentielle. Je crois que l’espoir est indispensable. L’espoir va de pair avec l’optimisme.
 

En ce Mois de la jonquille, faites fleurir l’espoir

Première fleur à éclore au printemps, la jonquille est résiliente. Pour les personnes touchées par le cancer, elle incarne l’espoir. En ce Mois de la jonquille, la Société canadienne du cancer (SCC) invite les gens d’un bout à l’autre du pays à faire partie d’une puissante force collective qui change l’avenir du cancer au Canada.

De grands progrès ont été réalisés dans le domaine du cancer. Les taux de survie ont augmenté et les taux de décès ont diminué. Grâce aux dons généreux versés lors du Mois de la jonquille, la SCC a financé des projets de recherche qui ont permis de sauver des vies. Or, il reste encore beaucoup à faire.

En raison de la croissance démographique et du vieillissement de la population, le nombre de nouveaux cas de cancer devrait augmenter d’environ 40 %.

« Les dons à la Société canadienne du cancer sont très importants en ce moment, car le nombre de cas de cancer est en hausse en raison de la croissance et du vieillissement de notre population, affirme le Dr Perreault. D’autre part, les possibilités de recherche n’ont jamais été aussi intéressantes. »

C’est le temps d’agir. Chaque don compte.

Les initiatives de recherche et les découvertes importantes comme celles du Dr Perreault nécessitent du temps et un financement continu. Chaque jour, des sympathisants à la cause aident à financer les plus brillants chercheurs au pays afin qu’ils puissent mener les projets de recherche les plus prometteurs susceptibles de changer l’avenir du cancer.

« À mes yeux, la jonquille représente la solidarité, la solidarité entre les gens de la communauté et entre les bénévoles de la Société canadienne du cancer et le milieu de la recherche », ajoute le Dr Perreault.

La collaboration est essentielle entre les scientifiques de différentes disciplines, mais aussi entre l’ensemble de la société et les chercheurs.

Le Dr Perreault tient à remercier les personnes qui ont déjà versé un don. « Merci. Vous avez changé la vie de nombreuses personnes. »

Le Dr Claude Perreault souriant devant l’appareil photo, les mains dans le dos, vêtu d’un sarrau arborant une épinglette jonquille.

Les dons à la Société canadienne du cancer sont plus importants que jamais en raison des possibilités de recherche qui se profilent à l’horizon.

Le Dr Claude Perreault, chercheur financé par la Société canadienne du cancer