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Prévenir le cancer en milieu de travail

La Semaine de la santé et de la sécurité, qui a lieu du 5 au 10 mai, est l’occasion de souligner les efforts de chercheurs financés par la Société canadienne du cancer pour aider à rendre les milieux de travail plus sécuritaires.

Le radon, les émanations de moteur diesel, les quarts de nuit et les substances nocives utilisées en dentisterie ne sont que quelques exemples de dangers en milieu de travail qui peuvent influer sur le risque de cancer, mais ils ne sont pas pleinement compris.

En 2021, reconnaissant que la recherche sur les cancers liés au milieu de travail recevait moins de 1 % du financement de la recherche sur le cancer au Canada, la SCC a collaboré avec 14 organismes d’indemnisation des travailleurs et syndicats et en partenariat avec l’Institut du cancer des Instituts de recherche en santé du Canada pour créer le Fonds de recherche sur le cancer professionnel et prévenir les cas de cancer chez les travailleurs.

Nous présentons ici quatre de ces projets de recherche.

Réduire le risque de cancer du poumon lié au radon

Le gaz radon, un composé radioactif naturel présent dans le sol et les matériaux de construction, s’accumule dans les endroits mal ventilés. L’inhalation de radon dans les résidences et les milieux de travail est une importante cause de cancer du poumon au Canada.

« Le radon est considéré par Santé Canada et d’autres organismes comme étant la deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme », affirme le chercheur Christopher Thome, Ph. D de L’École de médecine du Nord de l’Ontario.

Christopher Thome et son équipe étudient un supplément alimentaire qui pourrait protéger contre le cancer du poumon lié au radon. Pour évaluer la capacité du supplément de réduire le risque de cancer du poumon, les chercheurs utilisent une chambre à radon, la première du genre.

« Si nous arrivons à trouver une stratégie efficace et peu coûteuse basée sur ce supplément alimentaire, elle pourrait être utilisée dans l’industrie pour assurer la sécurité des travailleurs », conclut Christopher Thome.

(de droite à gauche) Photomontage des têtes de Christopher Thome, Ph. D., et des cochercheurs principaux Sujeenthar Tharmalingam, Ph. D. et Douglas Boreham, Ph. D.
(de gauche à droite) Christopher Thome, Ph. D. et les cochercheurs principaux Sujeenthar Tharmalingam, Ph. D. et Douglas Boreham, Ph. D.

Risque de cancer chez les travailleurs de nuit

Le travail de nuit est lié à un risque accru de cancer. Au Canada, près de 2 millions de personnes travaillent entre minuit et 5 h. C’est pourquoi le chercheur Parveen Bhatti, Ph. D., du l’Institut de recherche du BC Cancer étudie comment les quarts de nuit modifient le risque de cancer.

« Le travail de nuit est là pour rester, dit Parveen Bhatti. Il faut élaborer des stratégies pour protéger la santé à long terme des personnes qui font des quarts de nuit. »

Parveen Bhatti recueille des données dans un vaste éventail de secteurs de l’industrie pour déterminer comment les quarts de nuit ont des répercussions sur les microbes intestinaux chez les travailleurs. Les microbes présents dans l’appareil digestif aident au maintien d’une bonne santé. Ils jouent un rôle dans la digestion et dans la défense contre les maladies. Un changement des habitudes de sommeil pourrait perturber leur équilibre, et ainsi entraîner des problèmes de santé dont un risque accru de cancer. La connaissance de ces perturbations pourrait aider à mieux prévenir le cancer chez les travailleurs de nuit.

Photomontage des têtes de Parveen Bhatti, Ph. D., à gauche, et de ses collaboratrices Amee Manges, Ph. D., et Rachel Murphy, Ph. D., en bas à gauche.
Parveen Bhatti, Ph. D. (à gauche) et ses collaboratrices Amee Manges, Ph. D. (en haut) et Rachel Murphy, Ph. D. (en bas)

Prévenir le cancer chez les personnes exposées aux émanations de moteurs diesel

L’inhalation de gaz d’échappement des moteurs diesel pourrait accroître le risque de cancer de la prostate, mais les projets de recherches sur ce sujet sont limitées. La chercheuse Marie-Élise Parent, Ph. D., du l’Institut national de la recherche scientifique étudie les antécédents de travail de plus de 8000 personnes pour comprendre comment les émanations de moteurs diesel influent sur le risque de cancer de la prostate.

« Découvrir les causes modifiables du cancer de la prostate s’est révélé un défi de taille, dit Marie-Élise Parent. Nous voulons clarifier si les personnes exposées aux gaz d’échappement des moteurs diesel en milieu de travail courent des risques accrus de cancer de la prostate. »

Sa recherche combine les données de trois vastes études menées au Canada, en France et en Espagne. Les résultats pourraient aider à prévenir le cancer chez près de 1 million de personnes exposées aux gaz d’échappement de moteurs diesel dans leur milieu de travail au Canada.

(en haut de gauche à droite) Photomontage des têtes de Marie-Élise Parent, Ph. D., du Dr Manolis Kogevincas, de la Dre Florence Menegaux, et de l’équipe de chercheurs internationaux (en bas).
(en haut, de gauche à droite) Marie-Élise Parent, Ph. D., le Dr Manolis Kogevincas, la Dre Florence Menegaux, et l’équipe de chercheurs internationaux (en bas)

Réduire le risque de cancer chez les personnes travaillant dans le milieu dentaire

Les professionnels du milieu dentaire peuvent utiliser beaucoup de substances dangereuses dans le cadre de leur travail. À l’heure actuelle, il n’existe aucun registre de ces expositions. Il s’agit d’un risque potentiel pour plus de 100 000 personnes au Canada.

« La dentisterie est un domaine médical qui évolue rapidement, dit la chercheuse Sabrina Gravel, Ph. D., du l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail. L’innocuité des nouveaux matériaux est souvent évaluée pour les patients, mais pas pour le personnel qui les utilise. »

Sabrina Gravel étudie les pratiques de santé et de sécurité dans le milieu dentaire et recense les substances carcinogènes dans les cliniques et laboratoires dentaires.

« Ce projet est important parce qu’il comblera une lacune dans les connaissances sur les expositions professionnelles à des produits carcinogènes en dentisterie », dit-elle.

La première phase de la recherche, sous forme d’enquête en ligne auprès des travailleurs du milieu dentaire, sera déployée cet été. L’information ainsi recueillie permettra de créer des guides pratiques contenant des mesures à prendre, des stratégies et des recommandations pour les milieux de travail en dentisterie au Canada.

Photomontage des têtes de Sabrina Gravel, Ph. D., à gauche, et de son équipe, à droite.
Sabrina Gravel, Ph. D. (à gauche) et son équipe