Portrait

Améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’un cancer avancé

Après des cycles de chimiothérapie et une intervention chirurgicale pour éliminer une tumeur dans son côlon, Natalie Lipschultz espérait que son expérience du cancer serait terminée. Malheureusement, un an et demi plus tard, et seulement cinq mois après avoir donné naissance à une petite fille en santé, on lui annonçait que le cancer s’était propagé à son foie.

« À partir du moment où on a décelé les lésions au foie, on me parlait comme si j’étais déjà morte, dit Natalie. Ma fille n’avait même pas encore un an. »

Natalie a recommencé la chimiothérapie et, en juillet 2022, a subi une intervention chirurgicale pour faire extraire les lésions. Depuis, elle est suivie par des analyses de sang et des examens de tomodensitométrie (TDM) tous les trois mois, et a vite reconnu l’importance d’avoir une équipe soignante offrant du soutien.

Natalie Lipschultz, portant sa fille, debout à côté de son mari dans un parc.
Natalie Lipschultz et sa famille

Après le deuxième traitement, son oncologue l’a informée que l’exercice pourrait l’aider à réduire le risque de récidive. Elle a été dirigée vers un projet de recherche qui, de l’avis de son médecin, avait donné des résultats prometteurs. Le programme aide les personnes à composer avec les symptômes difficiles pour améliorer la qualité de vie par l’autoprise en charge et l’exercice, ce qui est susceptible de réduire la probabilité de récidive du cancer.

Financée par une Subvention d’équipe pour la recherche sur la survie au cancer de la Société canadienne du cancer (SCC) et des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), l’étude sur la réadaptation oncologique CaRE-AC est un programme structuré de réadaptation par l’entraînement et l’autoprise en charge, d’une durée de huit semaines, axé sur la maximisation de l’autonomie et de la qualité de vie pour les personnes atteintes d’une maladie métastatique.

Menée par la chercheuse Jennifer Jones, Ph. D., le Dr David Langelier (tous deux du Réseau universitaire de santé) et la chercheuse Kristin Campbell, Ph. D. (Université de la Colombie-Britannique), l’équipe nationale de recherche travaille à mieux cerner et maîtriser les effets négatifs du cancer et de ses traitements, améliorant l’accès à la réadaptation oncologique par des solutions en ligne et rendant ces services plus facilement accessibles pour les survivants et les personnes atteintes d’une maladie avancée et métastatique.

« De plus en plus de recherches confirment que l’exercice peut atténuer les symptômes et, chez certaines personnes atteintes, réduire le risque de récidive ou de progression, dit le Dr Langelier. CaRE-AC représente la première d’une série planifiée d’études visant à explorer ce qu’il en est chez les personnes atteintes de cancers avancés ou incurables. »

Montage de gros plans de la tête de Jennifer Jones, Ph. D. (gauche), Dr David Langelier et Kristin Campbell, Ph. D. (droite).
Jennifer Jones, Ph. D. (à gauche), Dr David Langelier (au centre) et Kristin Campbell, Ph. D. (à droite)

Aider les personnes à prendre en charge les effets négatifs du traitement

Depuis une vingtaine d’années, de meilleurs traitements ont permis à davantage de personnes ayant un cancer métastatique de vivre plus longtemps. Toutefois, bien qu’ils prolongent la vie, ces traitements causent des problèmes comme une autonomie physique réduite, une fatigue, une douleur et une détresse affective chez jusqu’à 75 % des personnes atteintes de cancer.

« Ces problèmes diminuent considérablement la qualité de vie, même longtemps avant les phases finales de la maladie, explique Jennifer Jones. La recherche montre que la réadaptation axée sur le fonctionnement physique peut aider, mais de tels services sont encore insuffisants et doivent être davantage développés pour répondre aux besoins de ce groupe croissant de survivants. »

Dans les cours de Natalie, la plupart des participants recevaient un traitement actif et les instructeurs ont adapté les séances d’entraînement en fonction des capacités physiques de chacun. Sachant maintenant que l’exercice peut aider à soulager bon nombre des symptômes dus au traitement, Natalie se sent coupable si elle ne fait pas ces 150 minutes d’entraînement chaque semaine.  

« J’ai vraiment aimé le cours d’activité physique », affirme Natalie.

« Le conditionnement physique faisait déjà partie de mon propre parcours et à ce moment-là, je m’étais lassée des autres entraînements et je ne les prenais plus aussi au sérieux. Le cours m’a donc donné un petit coup de fouet. »  « Le parcours de Natalie, comme celui de bien d’autres personnes inscrites au programme de réadaptation oncologique, a été réellement inspirant, dit le Dr Langelier. Nous voyons invariablement les participants accroître leur autonomie et retrouver un sentiment de contrôle durant une période très chaotique de leur vie. » 

Pour le Dr Langelier, un autre élément à fort impact du programme est le fait que les participants tissent de nouveaux liens avec d’autres personnes vivant des situations similaires et qu’ils prennent des mesures proactives pour mieux comprendre et gérer leurs symptômes.

« Ces changements témoignent de la capacité du programme d’outiller les personnes atteintes, non seulement sur le plan physique, mais aussi sur les plans affectif et social », ajoute le Dr Langelier.

Motivée en partie par l’étude CaRE-AC, Natalie a gardé un mode de vie actif, ayant mis en œuvre à ce jour plusieurs des habiletés qui lui ont été enseignées durant le programme de réadaptation CaRE-AC. Même si les examens de TDM et la surveillance se poursuivent à intervalles réguliers, Natalie profite pleinement de la vie. 

« Je me suis sentie très soutenue dans le cadre de ce programme », conclut-elle.

Financement pour la recherche sur la survie au cancer

Pour Mme Jones et l’équipe, l’investissement sans précédent de la SCC dans la recherche sur la survie au cancer arrive à point nommé et répond à un urgent besoin de comprendre et de cibler les problèmes auxquels font face de plus en plus de survivants du cancer au Canada.

« Grâce aux fonds accordés par la SCC, notre recherche vient pallier de graves lacunes dans les soins contre le cancer, dit Mme Jones. Ce financement est essentiel pour nous permettre d’étendre la portée des soins d’oncologie et d’améliorer la qualité de vie pour tous les survivants. »

Des programmes de recherche à fort impact, comme celui-ci, sont possibles seulement lorsqu’un grand nombre de personnes, soit des chercheurs, des professionnels de la santé, des donateurs et des personnes atteintes de cancer, travaillent ensemble pour s’attaquer aux plus grands problèmes liés au cancer.

Si vous avez un cancer métastatique du sein ou de l’appareil digestif et aimeriez participer à l’étude CaRE-AC, veuillez écrire à exercise.research@ubc.ca (résidants de Vancouver) ou à amrah.ahamed@uhn.ca (résidants de Toronto).