Comment évaluer la recherche sur le cancer

On pourrait comparer la recherche sur le cancer à un casse-tête géant dont il manque encore plusieurs pièces. Partout au monde, des chercheurs se posent des questions précises sur chaque phase de l'expérience du cancer, et trouvent des réponses. Il s'agit d'un processus lent, qui se déroule une étape à la fois. Au fil du temps, les chercheurs ne cessent de mettre en place de nouvelles pièces du casse-tête.

Les chercheurs déploient tous les efforts possibles pour que leurs études soient justes, équilibrées et reproductibles (c'est-à-dire qu'on peut les copier) afin que d'autres chercheurs puissent tester les résultats obtenus et s'en servir.

Mais même la meilleure recherche qui soit ne représente qu'une partie des connaissances – une seule pièce du casse-tête. Pour que ce savoir serve à quelque chose, il faut le mettre en contexte, en tenant compte de nombreux autres éléments du casse-tête. Ce n'est qu'à ce moment qu'une image complète commence à se dessiner.

Lorsque vous prenez connaissance d'un travail de recherche, quel qu'il soit, essayez de poser un regard critique sur ses points forts et ses points faibles.

Les questions qui suivent pourraient vous aider à mieux juger de la valeur d'une étude.

La recherche sur le cancer est un processus qui nécessite du temps et de la minutie. Elle peut commencer en laboratoire ou porter d'abord sur des animaux, et il peut s'écouler beaucoup de temps avant qu'on puisse l'appliquer aux humains. Et même lorsqu'une découverte ou un traitement est prêt à être testé chez des humains, il faut parfois de nombreuses années pour mener des essais cliniques.

Les essais cliniques comportent en fait plusieurs phases, qui permettent de déterminer si un nouveau traitement est sûr et efficace, et de voir comment il se compare aux traitements existants. Les essais cliniques se déroulent en 4 phases. Dans la plupart des cas, un nouveau traitement doit franchir les 3 premières phases avant de pouvoir être offert à grande échelle.

Les 2 principaux types de recherche clinique sur le cancer sont les études expérimentales et les études observationnelles. Lors d'études expérimentales, les chercheurs font appel à 2 groupes de personnes. Un groupe participe à l'expérience (ce qui pourrait consister, par exemple, à recevoir un nouveau traitement). Pour l'autre groupe, on ne change rien; il s'agit du groupe témoin, utilisé aux fins de comparaison. Lors d'études observationnelles, les chercheurs surveillent différents groupes de personnes dans leur environnement quotidien afin de constater ce qui se passe.

Les études expérimentales sont généralement plus fiables que les études observationnelles parce que les groupes sont choisis au hasard. Ce genre d'étude est appelé essai contrôlé randomisé. Lors d'essais contrôlés randomisés, les participants sont inclus au hasard dans l'un des groupes (expérimental ou témoin). De cette façon, il est peu probable que des préférences ou des comportements individuels qui ne sont pas rattachés à l'objet de l'étude influencent ou faussent les résultats.

Mais un essai contrôlé randomisé ne constitue qu'un seul élément du casse-tête. Pour avoir un bon aperçu d'un sujet particulier, de nombreux médecins consultent des revues de la littérature. Les revues de la littérature, qu'on appelle aussi parfois revues systématiques ou méta-analyses, consistent à colliger, évaluer et résumer les observations d'un grand nombre d'études différentes sur un certain sujet afin de tirer des conclusions plus fiables.

Lorsque les chercheurs conçoivent une étude, ils ne peuvent pas examiner chaque personne au sein d'une population donnée. Ils se penchent plutôt sur un échantillon de cette population. Si la taille de l'échantillon est assez grande, les résultats sont plus susceptibles de refléter ce qui se passerait en situation réelle.

Les nouvelles études sont publiées dans les revues scientifiques. Ces revues permettent aux chercheurs de partager les résultats de leurs études; d'autres chercheurs peuvent ainsi tester les résultats ou les utiliser dans leurs propres travaux scientifiques. Les revues les plus respectées ont recours à un processus appelé examen par les pairs pour garantir que seules les recherches de la plus grande qualité sont publiées. Lors de cet examen, des experts du sujet à l'étude évaluent la recherche qui a été effectuée pour s'assurer qu'elle est fiable et qu'elle enrichit les connaissances dans le domaine. Si c'est le cas, la recherche est publiée.

D'innombrables sites Web diffusent des messages sur la santé et de l'information sur le cancer. Certaines organisations, comme la Société canadienne du cancer, se basent sur les meilleures données scientifiques issues de nombreuses études, et collaborent avec des professionnels de la santé et des chercheurs chevronnés pour interpréter, vérifier et approuver l'information qu'elles partagent. Les sources d'information ne font pas toutes preuve d'autant de rigueur. Autant que possible, fiez-vous aux sites Web d'organisations scientifiques réputées qui s'intéressent au cancer telles que Cancer Research UK, Cancer.Net et l'American Association for Cancer Research.

Les chercheurs sont habituellement associés à des universités, des hôpitaux et des instituts de recherche. Ils peuvent aussi être affiliés à des entreprises pharmaceutiques ou à d'autres organisations. Peu importe la provenance de la recherche, il est important d'être à l'affût des conflits d'intérêts potentiels. Les travaux scientifiques de qualité sont ceux qui mentionnent toutes leurs sources de financement ainsi que les risques de conflits d'intérêts.

La recherche sur le cancer est en pleine effervescence. S'il est important de porter un regard critique sur les résultats de la recherche, il faut aussi garder à l'esprit qu'au Canada et dans le monde entier, des équipes scientifiques travaillent à nous rapprocher du jour où on pourra guérir et prévenir de nombreux cancers et en gérer d'autres comme des maladies chroniques, au même titre que le diabète ou l'asthme.

Grâce à la recherche, notre savoir collectif ne cesse de s'enrichir et nous marquons des progrès aux dépens du cancer.