Sauver des vies avec de meilleurs traitements
Depuis plus de 70 ans que nous finançons la recherche sur le cancer, nous avons la réputation de promouvoir des travaux qui ont directement influencé et amélioré la façon dont nous gérons et traitons le cancer.
Depuis la mise au point de la radiothérapie au cobalt-60 et la découverte de la vinblastine, un agent chimiothérapeutique, dans les années 1950, jusqu’aux approches de pointe testées aujourd’hui, les chercheurs subventionnés par la SCC tracent la voie à suivre pour rendre les traitements contre le cancer plus intelligents, plus doux et plus efficaces.
Pourquoi investissons-nous dans cette recherche?
Nous savons qu’il ne suffit pas d’aider les gens à vivre plus longtemps, nous devons aussi les aider à vivre plus pleinement. Parce que la vie est plus grande que le cancer.
Dans les cas de certains cancers à faible risque et à croissance lente, les traitements agressifs peuvent ne pas offrir de bénéfices immédiats et avoir des effets plus négatifs sur la qualité de vie que le cancer lui-même. La recherche subventionnée par la SCC a été à l’origine d’une approche appelée surveillance active, qui établit un équilibre entre la qualité de vie de la personne et le contrôle de son cancer. Dans le cadre de la surveillance active, les cancers à faible risque sont suivis de près et ne sont traités que lorsqu’ils deviennent à haut risque.
Cette approche a été introduite pour la première fois par le Dr Laurence Klotz, chercheur subventionné par la SCC, pour traiter les personnes atteintes d’un cancer de la prostate à faible risque. Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes canadiens et, dans de nombreux cas, il se développe lentement et ne nécessite pas de traitements agressifs pouvant entraîner des effets secondaires négatifs qui réduisent considérablement la qualité de vie. Dans un essai clinique novateur qui a débuté en 1995, le Dr Klotz et son équipe ont montré que la surveillance active est sûre pour les personnes atteintes d’un cancer de la prostate à faible risque, les taux de survie de dix ans et quinze ans étant respectivement de 98 % et 94 %.
Aujourd’hui, la surveillance active est devenue la norme de soins dans le monde entier en ce qui concerne les personnes atteintes d’un cancer de la prostate à faible risque. Ainsi, des millions de personnes peuvent gérer leur cancer tout en vivant pleinement leur vie.
Le succès de la surveillance active du cancer de la prostate a incité des chercheurs à étudier son potentiel dans d’autres domaines. Dans une étude canadienne, la première du genre, la Dre Annie Sawka, chercheuse subventionnée par la SCC, et son équipe cherchent à savoir s’il s’agit d’une option efficace pour les cancers de la thyroïde à faible risque et à un stade précoce. La norme actuelle de soins pour ces cancers est une intervention chirurgicale visant à retirer une partie ou la totalité de la thyroïde, puis un traitement par hormones thyroïdiennes à vie. Si l’étude de la Dre Sawka est couronnée de succès, elle pourrait éviter à des milliers de personnes de subir une intervention chirurgicale et de suivre un traitement hormonal substitutif à vie, tout en leur permettant de gérer leur cancer en toute sécurité.
En 1958,Charles Beer, Ph. D. et le Dr Robert Noble chercheurs subventionnés par la SCC, ont découvert la vinblastine, un agent chimiothérapeutique, après l’avoir isolée de la pervenche de Madagascar. Aujourd’hui, le médicament figure sur la liste des médicaments essentiels de l’Organisation mondiale de la Santé, en reconnaissance de son importance dans le traitement de différents cancers, et plus particulièrement de la maladie de Hodgkin.
Les chimiothérapies comme la vinblastine sont un pilier du traitement du cancer. Si certains de ces médicaments ont été découverts il y a plusieurs décennies, les chercheurs subventionnés par la SCC trouvent aujourd’hui de nouvelles façons de les combiner afin d’en maximiser les bienfaits et d’accomplir des progrès dans le cas de certains des cancers les plus difficiles à traiter.
Par exemple, des chercheurs du Groupe canadien des essais sur le cancer (GCEC), subventionné par la SCC, ont participé à un essai clinique international qui a montré qu’une nouvelle association d’agents chimiothérapeutiques, appelée mFOLFIRINOX, peut retarder les récidives et prolonger la vie des personnes atteintes d’un cancer du pancréas. Avec un taux de survie après cinq ans de seulement 8 %, le cancer du pancréas est la troisième cause de décès par cancer au Canada, ce qui montre l’urgence de nouvelles options de traitement comme celle-ci.
Un autre essai clinique international mené par le GCEC a révélé que l’ajout d’un agent chimiothérapeutique appelé témozolomide à une radiothérapie de courte durée réduisait le risque de décès de 33 % chez les personnes âgées atteintes d’un glioblastome, une tumeur cérébrale agressive. Fait important, les chercheurs ont également montré que cette nouvelle approche de traitement ne compromettait pas la qualité de vie, de sorte que les gens peuvent vivre pleinement leur vie.
Certains cancers, comme les cancers du sein et de la prostate, sont provoqués par des hormones et peuvent être traités avec des médicaments bloquant les hormones. Les recherches financées par la SCC ont permis d’acquérir de nouvelles connaissances essentielles sur la manière dont ces traitements devraient être utilisés pour maximiser à la fois leur efficacité et la qualité de vie des personnes.
Dans le cas du cancer de la prostate, l’hormonothérapie est souvent utilisée pour ralentir ou arrêter la croissance de la tumeur, mais elle peut entraîner de graves effets secondaires comme des bouffées de chaleur, des problèmes urinaires et l’impuissance. Un essai clinique mené par le Groupe canadien des essais sur le cancer (GCEC), subventionné par la SCC, a révélé qu’un traitement hormonal intermittent, au cours duquel les personnes cessent de prendre le médicament pendant un certain temps, est tout aussi efficace qu’un traitement continu. Mais surtout, les personnes suivant un traitement hormonal intermittent ont ressenti moins d’effets secondaires et ont bénéficié d’une meilleure qualité de vie.
Dans une autre étude influente, des chercheurs subventionnés par la SCC, le Dr Kim Chi et le Dr Daniel Khalaf, ont examiné une nouvelle génération d’hormonothérapies contre le cancer de la prostate et déterminé l’ordre dans lequel les médicaments devraient être administrés pour en optimiser l’efficacité. Leurs résultats ont montré que l’administration des deux médicaments dans cet ordre particulier permettait de retarder la progression du cancer de quatre mois en moyenne chez les personnes atteintes d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration, ce qui leur permettait de passer plus de temps avec leurs proches.
En plus de traiter le cancer, les hormonothérapies sont également utilisées pour aider à empêcher les cancers de réapparaître. C’est le cas pour les femmes ménopausées atteintes d’un cancer du sein au stade précoce, qui suivent généralement des hormonothérapies pendant cinq ans après avoir terminé leur traitement initial. Un essai mené par le GCEC a montré que la prolongation du traitement de cinq à dix ans réduisait le risque de réapparition du cancer de 34 %, ce qui permettait à un plus grand nombre de personnes d’être libérées du cancer pendant plus longtemps.
Les immunothérapies sont l’un des domaines les plus passionnants de la recherche sur le cancer. Elles visent à exploiter la puissance du système immunitaire de la personne pour cibler le cancer.
Les découvertes révolutionnaires de chercheurs subventionnés par la SCC dans les années 1960 et 1980 ont ouvert la voie à de nombreuses immunothérapies de pointe qui sont aujourd’hui testées et utilisées. Parmi celles-ci, on peut citer la découverte des cellules souches par le Dr Ernest McCulloch et James Till, Ph. D., laquelle a mené à la réalisation de greffes de moelle osseuse pour traiter les cancers du sang, et la découverte du récepteur des lymphocytes T parTak Mak, Ph. D., qui nous a permis de mieux comprendre comment le système immunitaire reconnaît et combat le cancer.
Voici quelques exemples de la manière dont les chercheurs subventionnés par la SCC continuent de développer et d’améliorer les immunothérapies pour lutter contre le cancer :
- L’intervention chirurgicale visant à enlever une tumeur peut sauver la vie, mais elle peut aussi affaiblir le système immunitaire et permettre aux cellules cancéreuses restantes de se propager. La Dre Rebecca Auer et son équipe ont montré que l’utilisation d’un vaccin pour renforcer le système immunitaire avant l’opération peut aider à prévenir la propagation du cancer après l’opération, améliorant ainsi les résultats pour les personnes qui se font opérer.
- Les virus cancérigènes constituent une double menace pour les tumeurs. Ils peuvent infecter directement les cellules cancéreuses afin de les détruire et augmenter la capacité du système immunitaire à cibler la tumeur. Le chercheur John Bell, Ph. D., et son équipe ont mené des études critiques pour mieux comprendre le fonctionnement de ces virus et la manière dont ils peuvent être modifiés en accroître l’efficacité. Les chercheurs ont démontré la possibilité de créer des virus sur mesure pour cibler le cancer du pancréas et de combiner ces virus avec des chimiothérapies standard pour traiter le cancer du sein.
- Les tumeurs cérébrales sont souvent difficiles à traiter en raison de la barrière hématoencéphalique, qui empêche effectivement de nombreux traitements d’atteindre la tumeur. Le Dr Michael Taylor et son équipe ont découvert qu’ils pouvaient contourner cette barrière et administrer un type d’immunothérapie appelé lymphocytes CAR-T directement à la tumeur par l’entremise du liquide céphalorachidien, le liquide qui entoure le cerveau et la moelle épinière. Leurs résultats ont montré que cette approche était efficace pour traiter non seulement les tumeurs primaires, mais aussi les tumeurs qui sont revenues et se sont propagées. Ces résultats prometteurs jettent les bases de futurs essais cliniques qui pourraient aider les enfants atteints de tumeurs cérébrales à vivre plus longtemps et plus pleinement.
Il n’y aura jamais d’approche universelle pour le traitement du cancer, car le cancer n’est pas une maladie unique ayant une cause unique. Ce sont plus de 100 maladies différentes qui changent de forme, ce qui signifie qu’il n’y a pas une seule cible, mais de multiples cibles mobiles.
Grâce aux progrès de la recherche, nous pouvons désormais adapter les traitements contre le cancer au profil génétique unique de chaque personne et de sa tumeur. Cela signifie que les personnes recevront le traitement qui a le plus de chances de fonctionner dans leur cas et qu’elles pourront échapper aux effets secondaires de traitements qui ne fonctionneraient probablement pas.
Voici quelques-uns des moyens auxquels les chercheurs subventionnés par la SCC ont recours pour faire de la médecine de précision une réalité pour les personnes atteintes de cancer :
- Un essai clinique mené par le Groupe canadien des essais sur le cancer, subventionné par la SCC, a révélé que pour sept femmes sur dix à qui on avait diagnostiqué un type commun de cancer du sein à un stade précoce, l’hormonothérapie seule était tout aussi efficace que l’hormonothérapie combinée à la chimiothérapie pour empêcher le cancer de réapparaître. Selon le profil génétique de leurs tumeurs, il a été établi que ces femmes présentaient un risque moyen de récidive du cancer. Grâce à ces résultats qui modifient les pratiques, des dizaines de milliers de personnes atteintes d’un cancer du sein pourront chaque année éviter les effets secondaires de la chimiothérapie, ce qui leur permettra de vivre plus pleinement sans compromettre leurs chances de rester à l’abri du cancer.
- Un autre essai mené par le GCEC a permis d’identifier une signature génétique spécifique qui pourrait prédire quelles personnes atteintes d’un cancer colorectal métastatique bénéficieraient du cetuximab, un médicament immunothérapeutique, offrant ainsi une option de traitement plus que nécessaire à ces personnes.
- Le Dr Kim Chi et Alexander Wyatt, Ph. D., dirigent un essai clinique, le premier du genre, pour tester une nouvelle stratégie de traitement basée sur la médecine de précision appliquée au cancer métastatique de la prostate. Les chercheurs se demandent s’ils peuvent utiliser le profil génétique de la tumeur de chaque personne pour déterminer quels médicaments seraient les plus efficaces pour elle. En personnalisant les traitements dès le départ, cette stratégie pourrait réduire le temps passé sur des traitements qui ont peu de chances de fonctionner et faire en sorte que les personnes reçoivent les traitements les plus appropriés le plus tôt possible.
Des nouvelles technologies aux nouvelles façons d’administrer les traitements par rayonnement, les chercheurs subventionnés par la SCC ont eu un impact considérable sur l’amélioration des radiothérapies.
En 1951, Harold Johns, Ph. D., chercheur subventionné par la SCC, a mis au point une nouvelle technique de rayonnement utilisant un élément radioactif appelé cobalt-60. Surnommée « la bombe au cobalt », elle était à l’époque la forme de radiothérapie la plus efficace et elle a révolutionné le domaine. Après qu’un premier patient ait été traité avec succès par Harold Johns, on estime que le cobalt-60 a permis d’aider plus de 70 millions de personnes atteintes de cancer dans le monde, dont un grand nombre ici au Canada.
Le cobalt-60 est toujours utilisé aujourd’hui, mais il a été progressivement remplacé par des formes de rayonnement plus récentes. Grâce aux efforts de chercheurs subventionnés par la SCC, nous avons également fait progresser les connaissances sur la manière d’administrer les traitements par rayonnement afin d’en maximiser les avantages tout en minimisant les effets secondaires indésirables.
Avec le soutien de la SCC, le chercheur Dr Timothy Whelan et son équipe ont montré que la radiothérapie administrée à fortes doses sur une période plus courte était aussi efficace que la radiothérapie classique pour réduire le risque de récidive du cancer du sein. Cette nouvelle approche, appelée irradiation hypofractionnée, permet aux personnes atteintes d’un cancer du sein de recevoir leur traitement en trois semaines au lieu de cinq, ce qui est plus pratique pour elles et moins coûteux pour le système de santé.