Portrait

Faire face à la peur d’une récidive du cancer

De nombreuses personnes ayant survécu à un cancer craignent que la maladie revienne et plus de la moitié d’entre elles déclarent avoir très peur d’une récidive. Cela explique pourquoi il s’agit du plus grand besoin insatisfait des personnes ayant survécu au cancer. Dès le début de sa carrière de psychologue, Sophie Lebel a pris conscience du problème.
Sophie Lebel, chercheuse, portant un veston noir, est debout dans un couloir.
Sophie Lebel, chercheuse subventionnée par la SCC

« Beaucoup de personnes dirigées vers moi avaient cette peur, explique Mme Lebel. À l’époque, aucune étude publiée ne décrivait comment faire face à cette situation. » Heureusement, cela a changé au cours des dernières années, notamment grâce à ses travaux. 

Pour ses études, Sophie Lebel s’est concentrée sur les femmes atteintes de cancer du sein et de cancers gynécologiques et du sang, car des études indiquaient que ces femmes présentaient certains des taux les plus élevés de crainte de récidive du cancer. Au départ, Mme Lebel a mis à l’essai un programme de groupe de six semaines appelé FORT (Fear of Recurrence Therapy ou thérapie de la peur de la récidive du cancer), élaboré en collaboration avec Christine Maheu, de l’Université McGill. Constatant le succès du programme FORT, les chercheuses ont élargi les efforts en vue de le mettre en œuvre dans cinq établissements au Canada, dans l’espoir d’offrir ce traitement utile à un plus grand nombre de personnes.  

C’est avec plaisir que nous annonçons que, jusqu’à présent, la plupart des établissements d’oncologie participant au projet ont pu proposer deux groupes FORT chacun, déclare Mme Lebel. Les thérapeutes ont indiqué avoir vraiment aimé offrir le programme FORT et précisé que la rétroaction des personnes participantes avait été très positive. 

Les personnes qui participent au programme FORT assistent à six séances hebdomadaires de thérapie de groupe animées par des experts. L’objectif est de fournir des outils pratiques pour les aider à affronter et à gérer leurs peurs. Bien qu’il ne soit pas étonnant que les personnes participantes et les thérapeutes aient aimé ce type de thérapie, Mme Lebel dit avoir été surprise par la rapidité et la facilité avec lesquelles le programme a été déployé partout au pays. Pour la suite, elle prévoit interroger des thérapeutes et des personnes ayant participé au sujet de leurs expériences afin de déterminer ce qu’il faudrait pour proposer le programme à long terme.

Il est souvent difficile pour les chercheurs de faire passer ce type de travail de la recherche aux soins courants. Bien que les premiers essais puissent être financés, les études qui permettent de mettre les traitements en application clinique peuvent se heurter à des difficultés plus importantes. C’est pourquoi Sophie Lebel tient à souligner l’importance d’un financement continu pour les chercheurs qui s’attaquent aux problèmes difficiles liés aux soins et à la survie des personnes atteintes de cancer.  

« Très peu d’interventions vont au-delà des études pilotes ou des premières investigations pour devenir des soins cliniques courants, qui représentent des dépenses importantes pour les ressources publiques », explique-t-elle. 

Sophie Lebel, chercheuse, portant un veston noir, est debout dans un couloir.
En tant que chercheuse, il était essentiel pour moi de recevoir des fonds de la SCC pour offrir à l’ensemble de la population canadienne des services d’aide en cas de peur de récidive du cancer.
Dr Sophie Lebel, chercheur finané par le SCC