[Titre] L’Intrépide
[Sous-titre] Faire preuve d’intrépidité et de détermination
Voix de Dianne : Je suis née le 6 octobre 1951 à Twillingate, Terre-Neuve.
On m’a ramenée chez moi, à Little Bay Islands, à bord d'une goélette qui se trouvait à Twillingate pour prendre des marchandises. Le bateau s'appelait le Dauntless, en français l’Intrépide. J'étais loin de me douter que le capitaine deviendrait un jour mon beau-père et que Dauntless serait à jamais mon nom d'utilisateur en informatique.
À l'époque, les métiers d’infirmière, d’enseignante ou de secrétaire étaient à peu près les seules options possibles pour les jeunes filles. Mais quand j’étais enfant, j’aimais jouer à l'infirmière, et j'ai toujours pensé que c'était glamour. J'ai obtenu mon diplôme en 1972. Évidemment, ce n'était pas si glamour que ça, mais j'adorais mon travail et mes patients me tenaient à cœur. Si bien qu'à l'âge de 60 ans, alors que mes amies envisageaient de prendre leur retraite, de mon côté je sautais en parachute et je commençais un nouvel emploi comme infirmière itinérante dans le nord du Labrador. On dirait que j'ai toujours sauté d’abord, pour regarder ensuite.
Dans les cliniques situées au nord du Labrador, l'isolement prenait un tout nouveau sens. Les avions d'évacuation médicale dépendaient des conditions météorologiques imprévisibles, les ambulances ne pouvaient pas se rendre jusqu'aux cliniques, et je savais bien peu de choses sur les formes de soutien disponibles là-bas pour mes patients, surtout ceux atteints de cancer.
Quand j’ai eu 66 ans, j'étais enfin prête à prendre ma retraite. J'avais l'intention de voyager dans le monde entier, y compris d’aller à Disney World avec mon petit-fils, et de faire certaines activités que j'avais pratiquées tout au long de ma vie, je suppose. Le parachutisme, la tyrolienne, la descente en eaux vives, la paravoile – j’avais envie de tout. Mais la vie me réservait autre chose.
On a trouvé une masse dans mon poumon. Sans prévenir, le cancer s'était invité à la fête pour mon départ à la retraite. C’était plutôt injuste, car je n’avais jamais fumé de ma vie. Mais je n'ai pas laissé la maladie me ralentir. J'ai continué à vivre comme je l'avais toujours fait. J'ai passé tous les examens et les tests qu’il fallait et mon opération a été fixée au 18 mars. Comme c'était le lendemain de la Saint-Patrick, fête des Irlandais, je pensais que cela me porterait chance.
Deux jours avant la date prévue pour l'opération, j'ai été admise à l'hôpital. J'y ai passé les 30 jours suivants, dont 10 aux soins intensifs. Juste au moment où je commençais à me sentir mieux, tout a basculé. Le médecin est entré dans ma chambre et a fermé la porte. Je me suis demandé pourquoi il l’avait fermée. En fait, il fermait la porte de l'espoir, de mes futures aventures et de la chirurgie elle-même. Cancer du poumon de stade 4 : ma seule option était de voir un oncologue et de commencer les paliers de traitement. Pour moi, c'est à ce moment-là que ma traversée du cancer a vraiment commencé.
Premier palier, deuxième, troisième. On ne revient jamais en arrière, on ne fait qu'avancer. Avec surprise, j’ai appris qu'en fait, je n’existais pas, il n'y avait que les paliers de traitement. Chimiothérapie, médicaments ciblés, radiothérapie, c’était un cycle sans fin avec des effets secondaires horribles, et le cancer continuait quand même à se propager. Je devais lutter pour ma vie et dire à une salle remplie de médecins : s’il vous plaît, regardez autre chose que les traitements. Regardez-moi.
Après beaucoup de larmes et d’argumentations, mon oncologue a accepté de revenir à un traitement qui avait fonctionné pour moi dans le passé. J'ai reculé dans les protocoles de traitement, mais j'ai avancé dans ma vie. Mes projets de voyage et d'aventures avec mon petit-fils ne se sont pas totalement envolés, ils ont simplement changé.
Je me contente désormais d’observer les choses de plus loin et je le regarde jouer, glisser et grandir. J'ai toujours la chance d'être sa mamie. Cette porte s'entrouvre légèrement pour moi de temps à autre, mais elle n'est jamais complètement ouverte. Après avoir reçu mon diagnostic de cancer, je me suis demandé : qui dois-je appeler? Où trouver du soutien? Quelle information puis-je obtenir?
J'ai repensé à cette période difficile où je travaillais comme infirmière itinérante dans le Nord et aux défis qui confrontaient les personnes atteintes de cancer vivant le long des baies ou dans les petites communautés de Terre-Neuve-et-Labrador. Grâce à la Société canadienne du cancer, j'ai pu trouver du soutien, un soutien que j'aurais aimé connaître à l'époque, un soutien dont mes patients avaient grandement besoin.
J'avais l'habitude de prier pour moi. Mais aujourd'hui, je prie pour que la recherche, les options de traitement et la sensibilisation progressent. Je prie pour que, bientôt, la porte puisse s'ouvrir et rester grande ouverte non seulement pour moi, mais aussi pour d'autres personnes dans la même situation.
[Texte générique]
Récit numérique par Dianne en partenariat avec la Société canadienne du cancer et Mike Lang Stories