[Musique]
[Titre] Par accident
Voix de Marell : Je l’ai découvert par accident. Je pensais que c’était un virus, le même que ma mère et ma sœur avaient attrapé lors de nos vacances en Syrie pour visiter la famille. Nous y allions chaque année parce que toutes les personnes que j’aime vivent là-bas. Je suis née au Canada, mais la Syrie, c’est mon chez-moi.
Assise sur un lit d'hôpital en attendant les résultats de ma biopsie de moelle osseuse, je me disais que j’aurais simplement besoin de quelques antibiotiques pour me remettre sur les rails et faire mon stage, terminer ma dernière année d’université et découvrir le monde au-delà de l’hôpital et de l’école où j’avais passé les 5 dernières années.
À 19 ans, j'avais échangé 2 ans de ma vie contre la chimiothérapie, les médicaments, l'anxiété sociale et la dépression, un forfait qui venait avec un protocole offrant un taux de guérison de 90 %. Mais tout cela était maintenant derrière moi.
Soudain, l'écran de mon téléphone a clignoté. J'ai ouvert mon courriel.
[Voix] « Rechute de la patiente, avec plus de 90 % de blastes ».
[Sous-titre] « Rechute de la patiente »
J'ai appuyé sur le gros bouton rouge, et mon infirmière est entrée quelques instants plus tard. Je lui ai demandé de regarder mon téléphone et je l’ai vue frémir. Mes médecins étaient déjà en route. Le cancer était de retour.
J’ai été immédiatement transférée à l’hôpital où j’avais été traitée et j’ai commencé à signer des documents. Mon oncologue m'a dit que j'avais besoin d'un traitement ciblé et d'une greffe de moelle osseuse. Le traitement commencerait le lendemain. Je lui ai demandé : « Et ma fertilité dans tout ça? » Une longue pause a suivi.
C’est aussi par accident que j’avais appris les possibles effets du traitement du cancer sur ma fertilité. Une survivante m'en avait parlé. À mi-chemin de mon premier traitement, elle m'avait demandé :
[Voix et sous-titre] « As-tu conservé tes ovules? »
Je lui avais alors répondu : « Non. On ne m'a jamais donné cette option. » En réponse à ma question, mon oncologue m'a dit : « En cas de leucémie, on commence généralement le traitement tout de suite, mais c'est à toi de décider. »
Le médecin de l’hôpital s'est assis avec moi et a détaillé l'ensemble de mon plan de traitement sur un tableau. Il m’a expliqué que si je voulais congeler mes ovules, je devais le faire maintenant. La greffe de moelle osseuse me rendrait stérile.
J’avais le cœur brisé. Après son départ, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps; jamais je n’avais ressenti un tel sentiment de perte. J'avais toujours pensé que j'aurais des enfants un jour, 3 « petits moi ». Garçon ou fille, cela n'avait pas d'importance. Des générations d'amour qui m’accompagneraient jusqu'à la vieillesse.
L'idée d'avoir des enfants était censée venir plus tard – pas ici, pas comme ça. Les questions se bousculaient dans ma tête. Est-ce que c'est sûr? Avec ma leucémie, mes ovules seront-ils viables? Les injections d'hormones vont-elles empirer les choses? Et si c’était une façon de mettre ma foi à l’épreuve? Dieu sera-t-il en colère contre moi si je conserve mes ovules? Pourquoi mon cancer est-il revenu? Que devrais-je faire?
J’étais encore en train de sangloter dans mon lit lorsque le médecin de l'hôpital est entré dans ma chambre et s'est assis à côté de moi. Il m'a dit : « Je crois que tu as peur du cancer. Je suis revenu pour te dire de ne pas avoir peur. Je suis un vieux médecin, j'ai vu beaucoup de cancers, et on peut traiter le tien. Ce serait dommage de ne pas transmettre ces yeux et ces taches de rousseur à ton bébé. Je suis venu te dire de le faire. Si ça devient dangereux, on arrêtera le processus et on entreprendra le traitement. »
Les deux semaines suivantes ont été consacrées aux visites à la clinique de fertilité, aux échographies et aux injections d'hormones. Le jour de mon prélèvement est arrivé et j'ai attendu pour savoir à combien d'espoirs je pourrais m’accrocher. La réponse?
[Voix] Neuf.
[Sous-titre] 9
[Voix et sous-titre] « On ne saura pas s'ils sont bons tant que tu n’auras pas essayé de les utiliser. »
J'ai appris qu’on ne peut pas toujours tout récupérer. Parfois, il n'y a pas moyen d’aller de l’avant. Je vis encore avec la crainte de ne jamais avoir d’enfants à moi, mais je me console en me disant que j'ai fait ce que j’ai pu pour que ce soit un jour possible.
Certaines personnes ont des enfants par accident. D'autres essaient d’en avoir, pour apprendre plus tard que c’est impossible. Pour moi, la planification familiale n'est peut-être pas ce que j'avais imaginé, mais au moins je peux quand même faire un plan.
[Texte générative]
Récit numérique par Marell en partenariat avec la Société canadienne du cancer et Mike Lang Stories
Pour en savoir plus sur les programmes et services de la Société canadienne du cancer, visitez cancer.ca ou composez le 1 888 939-3333
La production de cette vidéo a été rendue possible grâce à la collaboration et au soutien financier du Partenariat canadien contre le cancer et de Santé Canada.
Les points de vue exprimés ici ne reflètent pas nécessairement ceux du Partenariat canadien contre le cancer et de Santé Canada.