L’élimination est possible, mais il faut agir dès maintenant pour combler les écarts en matière de dépistage et augmenter les taux de vaccination contre le VPH.
Toronto (Ont.) –
Cinq ans après le lancement de la stratégie de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) visant à éliminer le cancer du col de l’utérus, la Société canadienne du cancer (SCC) publie un nouveau rapport indiquant que les progrès au Canada stagnent. Diffusé à l’occasion de la Journée mondiale pour l’élimination du cancer du col de l’utérus, ce rapport révèle que les taux de cancer du col de l’utérus au Canada, après des décennies de baisse constante, ont cessé de diminuer. Cette tendance préoccupante laisse craindre que le pays ne parvienne pas à atteindre son objectif d’éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici 2040.
Le rapport bisannuel Statistiques canadiennes sur le cancer 2025 a été élaboré par le Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer, en collaboration avec la SCC, Statistique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada.
Pendant des décennies, le Canada semblait en bonne voie d’éliminer le cancer du col de l’utérus, les taux d’incidence n’ayant cessé de diminuer entre 1984 et 2005. Depuis, la tendance s’est inversée : les taux fluctuent d’une année à l’autre et ont même connu une hausse. Les données du rapport confirment ce ralentissement, révélant un plateau inquiétant. Cette situation s’explique probablement en partie par une transmission accrue du virus du papillome humain (VPH), une couverture vaccinale et un dépistage insuffisants, ainsi que des lacunes dans le suivi des soins.
« Cette évolution n’est pas qu’un changement statistique : c’est un signal clair qu’il faut agir, a déclaré le Dr Denis Soulières, hématologue-oncologue et porte-parole scientifique et médical de la SCC. Le cancer du col de l’utérus est l’un des seuls cancers que nous pouvons éliminer, et il est presque entièrement évitable grâce à la vaccination contre le VPH et à un dépistage efficace. »
Aligné sur la stratégie mondiale de l’OMS, le Canada s’est fixé l’objectif ambitieux d’éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici 2040. Cet engagement, dirigé par le Partenariat canadien contre le cancer dans le cadre du Plan d’action pour l’élimination du cancer du col de l’utérus au Canada, a entraîné des progrès notables. Toutefois, cet objectif est désormais compromis.
En 2025, on estime qu’au Canada, 1650 personnes recevront un diagnostic de cancer du col de l’utérus et que 430 mourront de la maladie, une issue largement évitable.
L’histoire de Kim
À 30 ans, Kim-Claude Brossard, de Saint-Hyacinthe, a reçu un diagnostic de cancer du col de l’utérus peu après la naissance de son deuxième enfant. Pendant sa grossesse, un test Pap avait révélé la présence de cellules précancéreuses. Elle a dû attendre son accouchement pour subir les examens nécessaires, qui ont finalement confirmé un cancer lié au VPH.
« À 30 ans, on ne pense pas qu’un cancer du col de l’utérus puisse bouleverser notre vie. C’est une maladie insidieuse, parce qu’elle se développe sans symptômes. La seule façon de se protéger, c’est la prévention : se faire dépister régulièrement et se faire vacciner contre le VPH », témoigne-t-elle.
Aujourd’hui âgée de 36 ans et en rémission complète, Kim-Claude insiste sur l’importance du dépistage et de la vaccination. « Depuis que j’ai eu ce cancer, j’encourage tout mon entourage féminin à le faire. C’est un geste simple, et j’encourage toutes les femmes à le prendre au sérieux », ajoute-t-elle.
Provoquer un changement systémique pour éliminer le cancer du col de l’utérus
Malgré les progrès accomplis, la voie à suivre nécessitera une action continue entre les provinces et les territoires, afin que chaque personne au Canada ait accès à un dépistage efficace en temps opportun.
« Pour le cancer du col de l’utérus, la question n’est pas de savoir si nous pouvons l’éliminer, mais si nous avons la volonté de le faire, déclare Jennifer Gillis. Les grands défis de la vie ne peuvent être relevés seul : c’est ensemble que nous pourrons poursuivre les efforts de prévention et produire un impact durable et mesurable. »
Presque tous les cas de cancer du col de l’utérus sont dus à une infection par le VPH. Ce virus est donc une cible clé pour la prévention. Le test VPH a le potentiel de transformer l’avenir du dépistage du cancer du col de l’utérus, puisqu’il est plus sensible, plus facile à interpréter et peut être effectué moins souvent que le test Pap. Ce test permet également de détecter le cancer, avant même qu’il ne se développe.
Plusieurs provinces et territoires ont déjà adopté le test VPH comme méthode primaire de dépistage, et la Colombie-Britannique offre même des tests de dépistage du VPH par autoprélèvement à domicile. D’autres, comme le Québec, sont en cours de déploiement du test VPH. Si ce virage modernise le dépistage du cancer du col de l’utérus à travers le pays, les progrès restent toutefois inégaux en raison de contraintes de capacité de laboratoire, de pénuries de personnel et de difficultés d’accès aux soins primaires.
La vaccination contre le VPH, surtout à un jeune âge, peut aider à prévenir le cancer du col de l’utérus. Le taux de vaccination contre le VPH au Canada est sous-optimal, variant de 16 à 93 % entre les provinces et les territoires et d’une région à l’autre. Seule la province de Terre-Neuve-et-Labrador atteint un taux supérieur à 90 % chez les garçons et les filles, la cible nécessaire pour accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus.
Pour accélérer les progrès, la SCC demande aux gouvernements provinciaux et territoriaux :
- de mettre en œuvre le test VPH comme méthode primaire de dépistage;
- d’offrir des tests de dépistage du VPH par autoprélèvement à domicile pour accroître la participation;
- d’adopter une politique « admissible un jour, admissible toujours » à la vaccination contre le VPH afin que le coût ne soit plus un obstacle pour les personnes ayant raté les programmes en milieu scolaire;
- de surveiller l’efficacité des programmes visant à joindre les communautés mal desservies.
Éliminer le cancer du col de l’utérus est un objectif à notre portée, mais nous devons agir dès maintenant et unir nos efforts, en tant que société, pour y parvenir. Aidez-nous à envoyer un message fort aux dirigeants gouvernementaux. Visitez cancer.ca/eliminer-cancer-col-uterus pour faire parvenir à votre parlementaire une lettre réclamant des mesures urgentes afin d’éliminer le cancer du col de l’utérus.
Autres grandes conclusions tirées du rapport
- Le cancer continue de toucher un grand nombre de personnes au Canada chaque année, une tendance largement attribuable à la croissance et au vieillissement de la population.
- Selon les estimations, 42 % des personnes au pays recevront un diagnostic de cancer au cours de leur vie.
- En 2025, on prévoit 254 800 nouveaux cas de cancer, dont 131 800 chez les hommes et 122 900 chez les femmes.
- Les quatre cancers les plus fréquemment diagnostiqués (poumon, sein, prostate et colorectal) devraient représenter environ 48 % de l’ensemble des cancers diagnostiqués en 2025.
- On estime que 22 % de la population du Canada mourra d’un cancer, avec une probabilité d’en mourir légèrement plus élevée chez les hommes (23 %) que chez les femmes (21 %).
- On estime qu’en 2025, 87 400 décès seront attribuables au cancer, dont environ 22 % causés par le cancer du poumon.
Pour en savoir plus sur le cancer au Canada, visitez cancer.ca/statistiques et consultez le rapport intégral. Pour de plus amples renseignements sur le cancer du col de l’utérus, lisez la fiche d’information dédiée. Explorez le Tableau de bord des statistiques canadiennes sur le cancer, un nouvel outil interactif qui présente des données sur plus de 20 types de cancer.
Citation
« Pour transformer l’avenir des soins contre le cancer et améliorer les résultats pour les personnes atteintes, il est essentiel que les experts en santé aient accès à des données exactes et à jour sur le fardeau du cancer au Canada. Ces renseignements nous permettent d’évaluer l’impact de la prévention, du dépistage précoce et des traitements, et de cerner les domaines à améliorer, ce qui est particulièrement pertinent pour le cancer du col de l’utérus. Statistique Canada est fière de contribuer au rapport Statistiques canadiennes sur le cancer, qui s’appuie sur des analyses de grande qualité provenant du Registre canadien du cancer et offre un portrait complet des tendances à l’échelle nationale. Grâce aux observations tirées du rapport, les professionnels de la santé, les décideurs et les chercheurs pourront mieux répondre aux besoins des personnes atteintes de la maladie. »
- Ron Gravel, directeur général, Direction de la statistique de la santé et de la démographie, Statistique Canada
Ce rapport présente des conclusions par sexe assigné à la naissance, basé sur des catégories binaires (masculin/féminin), et sa portée ne peut s’étendre à des conclusions selon d’autres caractéristiques importantes telles que le genre, la race, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, l’incapacité et d’autres identifiants. Par conséquent, le rapport ne reflète pas pleinement les expériences des populations ayant diverses identités de genre, des populations racisées et d’autres populations. Il est essentiel de combler ces lacunes dans les données pour faire progresser l’équité en matière de recherche sur le cancer et de soins contre le cancer.
À propos de ce rapport
Le rapport Statistiques canadiennes sur le cancer a été élaboré par le Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer en collaboration avec la Société canadienne du cancer, Statistique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada. Les données sur l’incidence du cancer et la mortalité par cancer sont issues du Registre canadien du cancer et de la Base canadienne de données sur l’état civil – Décès, respectivement, qui sont gérés par Statistique Canada. Les données proviennent des registres provinciaux et territoriaux du cancer et des registraires de l’état civil. Statistique Canada a réalisé la plupart des analyses liées à ce rapport, avec la contribution de l’Agence de la santé publique du Canada. La traduction française de ce rapport a été effectuée par l’Agence de la santé publique du Canada. La Société canadienne du cancer coordonne la production et la diffusion de cette publication et la finance grâce à des dons de charité. Depuis plus de 35 ans, cette publication fournit des renseignements qui orientent la prise de décision sur le soutien et les services requis et sur les recherches nécessaires. Elle aide aussi à mesurer l’impact de la prévention, de la détection précoce et du traitement. Pour de plus amples renseignements à propos des Statistiques canadiennes sur le cancer, visitez cancer.ca/statistiques.
À propos de la Société canadienne du cancer
La Société canadienne du cancer travaille sans relâche afin de sauver et d’améliorer des vies. Nous finançons les plus brillants chercheurs sur le cancer. Nous fournissons un réseau d’aide empreint de compassion à toutes les personnes atteintes de cancer, dans tout le Canada et pour tous les types de cancer. Avec le soutien des personnes touchées, des sympathisants, des donateurs et des bénévoles, nous créons un avenir plus sain pour tous. Nous avons tous un rôle à jouer. Ça prend une société pour agir contre le cancer.
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