Les prix d'excellence 2024

L’identité des lauréats 2024 des prix d’excellence de la SCC pour la recherche sur le cancer, lesquels en sont maintenant à leur trente-et-unième année d’existence, est dévoilée.

Depuis 1993, nous avons reconnu le travail des meilleurs chercheurs au pays par les prix d’excellence de la Société canadienne du cancer. Nous sommes fiers de rendre hommage à ces hommes et ces femmes de talent qui ont joué un rôle clé dans les progrès de la recherche sur le cancer. Ces personnes ont apporté une contribution importante et significative en participant aux progrès de la recherche biomédicale sur le cancer ou en dirigeant une recherche qui a eu un impact majeur sur le contrôle du cancer au Canada.

Félicitations à tous nos lauréats!

Prix pour l’ensemble de la contribution

John Dick, Ph. D., a reçu le prix pour l’ensemble de la contribution 2024

John Dick, Ph. D. 
Lauréat, Prix pour l’ensemble de la contribution 2024

Chercheur principal, Centre de cancérologie Princess Margaret, Réseau universitaire de santé
Professeur, Département de génétique moléculaire, Université de Toronto
Professeur d’université, Université de Toronto
Chaire de recherche Helga et Antonio De Gasperis sur les cellules souches pour le traitement des cancers du sang

John Dick, Ph. D., a passé sa vie à étudier comment le cancer fonctionne et cela se voit. Ses réalisations vont de la découverte des cellules à l’origine de la leucémie à la conception de nouveaux traitements contre le cancer et à l’établissement de moyens de mesurer leur efficacité. Il a créé le premier système pour étudier efficacement les cellules souches humaines en laboratoire, ce qui lui a permis de découvrir comment le sang humain est produit et de repérer les cellules souches uniques qui mènent au cancer. À partir de là, il a découvert les processus qui permettent à ces cellules de devenir cancéreuses; ces processus peuvent être ciblés par de nouveaux médicaments pour arrêter le cancer avant qu’il n’apparaisse ou l’empêcher de récidiver. 

Le prix pour l’ensemble de la contribution récompense un chercheur qui a amélioré la recherche sur le cancer au Canada par des réalisations allant au-delà de la recherche traditionnelle, lesquelles ont entraîné des bienfaits importants pour les personnes atteintes de cancer, et qui s’est engagé à transmettre cet héritage à la prochaine génération de chercheurs. La nomination de John Dick reconnaît ses contributions clés à la science dans les domaines de l’hématologie, du cancer et de la biologie cellulaire. 

« Presque tout le monde dans le milieu peut témoigner de l’impact monumental que les travaux de John Dick ont eu pour faire avancer notre compréhension de la biologie du cancer chez l’humain, affirme le Dr Aaron Schimmer, directeur de recherche du Centre de cancérologie Princess Margaret, qui a proposé la candidature John Dick. Non seulement son apport a transformé notre compréhension du cancer, mais il a également stimulé la création d’un domaine de recherche entièrement nouveau consacré aux cellules souches cancéreuses. John Dick a transmis un héritage durable au milieu de la recherche canadienne sur le cancer, un héritage que peu d’autres seront en mesure d’égaler. » 

Robert Weinberg, Ph. D., membre fondateur du Whitehead Institute for Biomedical Research et directeur du Ludwig Center du Massachusetts Institute of Technology (MIT), ajoute : « Il est rare que l’on puisse attribuer les origines d’un domaine important de la recherche biomédicale à une seule personne, mais, dans le cas présent, c’est clair et sans équivoque. Le temps est venu de récompenser les travaux de recherche marquants de John Dick avec le prix pour l’ensemble de la contribution. » 

La découverte qui a reçu le plus d’éloges est celle de la cellule souche leucémique. Je ne m’attendais pas à toute l’attention que j’ai reçue à l’époque parce que l’idée qu’il existe une cellule souche leucémique n’était pas particulièrement nouvelle; c’est simplement que personne n’avait prouvé ce concept avant que nous menions nos expériences. 

Dix ans plus tard, les scientifiques se sont rendu compte que ce principe était valable pour de nombreux cancers et maintenant, bien entendu, il s’est vraiment répandu. Je pense que la chose la plus surprenante d’un point de vue scientifique est que, pendant dix ans, personne n’a réalisé que c’était un principe généralisable à l’ensemble des cancers. 

J’ai commencé mes études de premier cycle universitaire en 1974. La révolution de la biologie du cancer a eu lieu au début des années 1970, mais, en partie parce que j’ai étudié dans une petite école secondaire en milieu rural, je n’en ai absolument pas eu conscience. Cela dit, je ne lisais pas les revues scientifiques aussi assidûment que je l’aurais pu, alors je dirais au jeune John Dick de lire davantage et de ne pas ignorer ce qui se passe dans le monde extérieur. 

Je me suis entouré de stagiaires qui sont plus intelligents que moi et qui veulent participer à la science qui éclaire l’inconnu. Je vois mon laboratoire comme un creuset où nous lançons des idées sans savoir ce qui en ressortira. Parfois, c’est une nouvelle découverte qui émerge tel un phénix. Nous avons eu la chance que cela nous arrive à plus d’une occasion. Je suis fier d’avoir réussi à créer un environnement qui nous incite tous à réfléchir. 

Prix d’excellence en matière d’inclusion

Dre Ambreen Sayani a reçu le prix d’excellence en matière d’inclusion 2024

Dre Ambreen Sayani
Lauréate, Prix d’excellence en matière d’inclusion 2024 

Chercheuse, Institut de recherche du Women’s College Hospital, Women’s College Hospital
Professeure agrégée, Institut de politique, de gestion et d’évaluation de la santé, Dalla Lana School of Public Health, Université de Toronto

La Dre Ambreen Sayani a consacré sa carrière à rendre les soins du cancer plus équitables pour toutes les personnes qui en ont besoin. De nombreux facteurs (comme l’emplacement, le revenu, la culture, etc.) influent sur la facilité avec laquelle les personnes au pays peuvent accéder à la prévention et aux soins du cancer. Experte mondiale en matière d’équité en santé, la Dre Sayani a pour objectif de relever les lacunes, de comprendre les obstacles qui rendent l’accès aux services de prévention et de soins plus difficile pour certaines personnes et d’apporter des changements qui aideront à éliminer ces obstacles. 

Interrogée sur son travail, la Dre Sayani explique : « Ma plus importante réalisation a été de concevoir un programme de recherche qui reflète les valeurs de justice, d’humilité et de responsabilité. J’ai lancé le laboratoire Improving Cancer Care Equity (ICCE) (Amélioration de l’équité des soins du cancer), qui se veut un espace où de nouvelles formes de leadership et de gouvernance peuvent prendre naissance, un espace où les patients, les professionnels de la santé et les défenseurs de la communauté contribuent aux connaissances. » 

Le laboratoire ICCE rassemble une quarantaine de personnes atteintes de cancer ainsi que des stagiaires et des étudiants pour explorer diverses expériences, influencer les politiques et les pratiques, et remettre en cause les normes établissant qui développe les connaissances dans le domaine de la recherche sur le cancer. La Dre Sayani déclare : « Selon moi, les relations et la confiance que nous avons établies grâce à ce travail sont la plus grande contribution. » 

Sundas Shamshad, défenseure des intérêts des patients et conseillère principale en matière de programmes et de politiques pour le gouvernement de l’Alberta, est aussi de cet avis. « La Dre Sayani mérite amplement ce prix pour son leadership exceptionnel, son dévouement inébranlable à l’équité et son approche novatrice de l’engagement des patients, dit-elle. Comme beaucoup d’autres patients partenaires, j’ai été profondément influencée par son travail qui nous donne les moyens d’aiguiller activement la recherche et les politiques sur le cancer. » 

Que la médecine de précision se rapporte uniquement à la biologie. Bien que les progrès scientifiques aient transformé les soins du cancer, ce n’est qu’une partie de l’histoire. La vraie précision signifie de comprendre la personne dans son ensemble : pas seulement ses cellules, mais aussi ses réalités vécues, ses environnements et les conditions structurelles qui façonnent sa santé. De nombreuses communautés restent exclues de la recherche et les facteurs non médicaux qui influent sur la santé sont trop souvent négligés. Les soins de précision doivent intégrer des données biologiques, cliniques et sociales. Ce n’est qu’alors qu’ils pourront remplir leur promesse : fournir les bons soins à la bonne personne au bon moment, d’une manière qui est à la fois scientifiquement justifiée et socialement juste. 

Dans cinq ans, je m’attends à voir une plus grande intégration des expériences vécues dans la conception et l’exécution de la recherche sur le cancer. Nous continuerons d’établir des partenariats authentiques avec les patients, les aidants et les communautés, en particulier ceux qui ont historiquement été exclus de la recherche et des soins. La valeur du contexte – social, structurel et culturel – sera plus largement reconnue comme essentielle. 

Dans dix ans, j’espère que ces changements seront intégrés dans les normes institutionnelles et les mécanismes de financement, de sorte que l’équité et l’inclusion éclairent non seulement les questions qui sont posées, mais aussi qui les posent et la façon dont les connaissances sont créées et utilisées. L’écosystème de la recherche sur le cancer sera plus fort, plus inclusif et plus responsable envers les personnes qu’il est censé servir. 

 Prix O. Harold Warwick

Dre Pamela Goodwin a reçu le prix O. Harold Warwick 2024

Dre Pamela Goodwin
Lauréate, Prix O. Harold Warwick 2024

Chercheuse principale et oncologue médicale, Institut de recherche Lunenfeld-Tanenbaum, Sinai Health
Professeure, Département de médecine et Institut de politique, de gestion et d’évaluation de la santé, Université de Toronto

Chef de file mondiale dans le domaine de la science du cancer du sein, la Dre Pamela Goodwin s’intéresse à toutes les facettes de ce type de cancer, dont la prévention, la détection précoce, le traitement et plus encore. Elle a été mise en nomination pour le prix O. Harold Warwick, qui reconnaît les réalisations exceptionnelles dans la recherche sur le contrôle du cancer. Elle est récompensée pour ses projets étudiant le lien entre l’obésité et les issues du cancer et portant sur des traitements et soins susceptibles d’améliorer l’issue de la maladie et la qualité de vie des personnes atteintes de cancer ou qui l’ont été.

« En tant que médecin exerçant en clinique et dirigeant un centre de traitement du cancer du sein à l’hôpital Mount Sinai, la Dre Goodwin ne s’est jamais contentée de simplement appliquer les apprentissages des autres pour offrir des soins optimaux, explique la Dre Elizabeth Eisenhauer, oncologue et professeure émérite à l’Université Queen’s qui a appuyé la nomination de la Dre Goodwin. Au cours des décennies, elle s’est penchée sur certaines des questions les plus épineuses et controversées à propos de l’étiologie et de la gestion du cancer du sein, principalement sur les effets du mode de vie, de l’obésité et de l’exercice sur le développement et l’issue du cancer du sein. Sa carrière en recherche a été remarquable, car elle a apporté des contributions non seulement au domaine du risque de la population (obésité), avec des répercussions en prévention, mais aussi à celui des interventions thérapeutiques (exercice et gestion du poids), lesquelles ont eu une incidence sur les résultats liés au cancer et sur l’étude de ces facteurs en laboratoire. » 

Pour ce qui est du cancer du sein, je pense que nous allons guérir le cancer du sein métastatique HER2 positif. Il y a tellement de nouveaux traitements que la maladie pourrait être éradiquée ou elle atteindra un point où elle n’évoluera plus et où les femmes pourront mener une vie normale même si elles en sont atteintes.

Nous avons récemment mené un essai clinique qui a révélé qu’un médicament appelé metformine pouvait avoir un effet bénéfique majeur chez les personnes atteintes d’un cancer du sein HER2 positif. Nous travaillons maintenant avec des groupes du monde entier pour reproduire ce résultat afin qu’il puisse être intégré à la pratique clinique. Nos données semblent indiquer qu’il réduit le risque de récidive de moitié et le risque de décès, des deux tiers. En associant cette découverte à d’autres médicaments efficaces ciblant HER2, on pourrait donc grandement aider à prévenir la maladie métastatique. 

Adopter les avancées qui se présentent dans tous les domaines. Quand j’ai commencé, nous ne comprenions aucune des voies de signalisation qui stimulent le cancer et nous ne pouvions pas faire d’épreuves génomiques sur les tumeurs. Nous n’avions ni les connaissances ni la technologie nécessaire. Bien que je me sois toujours concentrée sur l’obésité dans mes projets, j’ai collaboré avec d’autres scientifiques pour intégrer ces changements dans notre travail. Alors, je conseillerais d’accueillir le changement. Les progrès peuvent se manifester de multiples façons! 

Prix Robert L. Noble

Cheryl Arrowsmith, Ph. D., est la lauréate du prix Robert L. Noble

Cheryl Arrowsmith, Ph. D. 
Lauréate, Prix Robert L. Noble 2024 

Chercheuse principale, Centre de cancérologie Princess Margaret, Réseau universitaire de santé
Professeure, Département de biophysique médicale, Université de Toronto
Scientifique en chef, Consortium de génomique structurelle

Cheryl Arrowsmith, Ph. D. étudie comment les gènes et les protéines fonctionnent ensemble en présence de cancer. Ses travaux de recherche se concentrent sur la façon dont les gènes sont contrôlés dans le corps humain, un processus appelé « épigénétique », et examinent comment les protéines qui influencent ce contrôle interagissent pour stimuler le cancer. Elle conçoit également des sondes chimiques pour rendre ces protéines plus faciles à étudier et ainsi aider les chercheurs à repérer celles qui pourraient être de bonnes cibles pour de nouveaux médicaments contre le cancer. En bloquant la capacité d’une de ces protéines à interagir avec d’autres, Cheryl Arrowsmith a réussi à arrêter la croissance des cellules de la leucémie et du cancer du sein. Cette découverte est actuellement explorée en vue d’élaborer de nouveaux traitements pour ces cancers. 

Cheryl Arrowsmith a été mise en nomination pour le prix Robert L. Noble, qui récompense les réalisations exceptionnelles en recherche biomédicale sur le cancer, pour ses travaux visant à comprendre les interactions protéiques épigénétiques, à créer de nouvelles sondes chimiques et à trouver les points faibles du cancer. Elle est également une ardente défenseure de la découverte et de la conception de nouveaux médicaments et agit comme mentor et superviseure auprès de nombreux stagiaires. 

« Le travail de Cheryl Arrowsmith a profondément influencé et continue de façonner le paysage de la découverte de médicaments contre le cancer, déclare le Dr Aaron Schimmer, directeur de recherche du Centre de cancérologie Princess Margaret, qui a proposé sa candidature pour le prix. Ses recherches et son leadership en épigénétique du cancer ont mené à l’élaboration de nouveaux outils chimiques pour la découverte, la caractérisation et l’application clinique de nouvelles cibles de médicaments contre le cancer, lesquels ont suscité un immense intérêt de la part de ses collègues et de la communauté scientifique. » 

Pour souligner l’importance des travaux de Cheryl Arrowsmith, le Dr Schimmer ajoute : « Tout au long de sa carrière, son rendement a été constant et a eu des retombées majeures au Canada et dans le monde entier. Ses projets ont transformé la recherche sur le cancer et ont fourni à la communauté scientifique des outils essentiels pour la découverte de médicaments. » 

Le cancer ne représente pas une seule maladie. Le cancer est influencé par la constitution génétique unique de chaque personne, ce qui rend la recherche sur le cancer très difficile. Il n’y a pas de remède miracle qui guérira tous les cancers. Ultimement, nous devrons concevoir des traitements adaptés au profil du cancer propre à chaque personne. Pour cela, il sera nécessaire d’élaborer une vaste collection de traitements parmi lesquels les oncologues pourront choisir ceux qui conviennent le mieux au type de cancer de chaque personne atteinte. 
Je me dirais d’apprendre autant que je le peux de mes collègues. La recherche sur le cancer évolue rapidement et est assez complexe. Il faut profiter de la grande communauté de recherche pour accélérer l’acquisition des connaissances. La tâche est trop difficile pour la faire par soi-même! 

Prix Bernard et Francine Dorval

Dr Bertrand Routy est le lauréat du prix Bernard et Francine Dorval 2024

Dr Bertrand Routy 
Lauréat, Prix Bernard et Francine Dorval 2024

Professeur agrégé d’hémato-oncologie, Université de Montréal
Clinicien-scientifique, directeur du Centre du microbiote du CHUM, Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal

Le Dr Bertrand Routy a consacré sa carrière à étudier le microbiote humain, c’est-à-dire les bactéries qui vivent dans notre corps, et l’incidence que celui-ci a sur le cancer. Ses travaux ont révélé qu’on peut se servir des bactéries présentes dans l’intestin pour prévoir les résultats chez les patients après l’immunothérapie contre le cancer. L’immunothérapie est un traitement qui aide le système immunitaire du corps à reconnaître et à attaquer les cellules cancéreuses. Le Dr Routy a également montré, chez la souris, que modifier le microbiote peut améliorer l’efficacité de l’immunothérapie. Depuis, plusieurs essais cliniques ont confirmé cette découverte en utilisant la transplantation de microbiote fécal (un moyen de transférer des bactéries intestinales saines provenant des selles de donneurs) et les prébiotiques (des molécules qui modifient la composition du microbiote). Le Dr Routy a été mis en nomination pour le prix Bernard et Francine Dorval, qui distingue les chercheurs en début de carrière ayant apporté une contribution exceptionnelle à la recherche biomédicale. Ce prix récompense son travail novateur explorant comment les bactéries intestinales (le microbiote) peuvent aider à prévoir et même à améliorer l’efficacité des traitements contre le cancer.

« Malgré son jeune âge, le Dr Routy est reconnu à l’échelle internationale comme un chef de file en immuno-oncologie, lui qui a grandement contribué à ce que le microbiote soit considéré comme l’une des “caractéristiques principales du cancer”, affirme le Dr Gerardo Ferbeyre, professeur de biochimie et de médecine moléculaire à l’Université de Montréal, qui a proposé la candidature du Dr Routy pour ce prix. Tout comme la Société canadienne du cancer (SCC) qui a un impact au Canada, les réalisations et découvertes remarquables du Dr Routy en recherche ont eu des retombées positives sur la vie des personnes atteintes de cancer. Le prix Bernard et Francine Dorval de la SCC soulignera le dévouement inlassable du Dr Routy à améliorer les soins aux patients grâce à la recherche sur le microbiote et le cancer. Il représente un atout inestimable pour la communauté de la recherche sur le cancer. »

Au cours des cinq prochaines années, je crois que la recherche sur le cancer se tournera vers la médecine personnalisée, qui sera guidée par les bactéries et l’activité immunitaire propres au corps de chaque personne. Plus l’immunothérapie évolue, plus notre compréhension de l’environnement, du microbiote et des caractéristiques immunitaires des tumeurs évolue elle aussi.

Je pense que dans la prochaine décennie, la recherche se concentrera de plus en plus sur la prévention et la détection précoce du cancer, et le microbiote jouera un rôle important à ce niveau. Mieux comprendre le microbiote nous aidera à repérer les signes précoces du cancer et à intégrer les traitements axés sur le microbiote aux soins standards au Canada et partout dans le monde.

L’une des missions de notre équipe est de découvrir l’effet du microbiote humain sur les réponses immunitaires et les résultats du traitement du cancer. Nous cherchons également à faire passer les interventions axées sur le microbiote du laboratoire à la clinique.

Le Centre du microbiote du CHUM, que je codirige, a transformé les soins du cancer en influençant les pratiques en oncologie. Nous avons découvert que les antibiotiques avaient des répercussions négatives sur le microbiote et sur l’efficacité de l’immunothérapie, ce qui a déjà mené à des changements de la pratique clinique. De plus, nos façons de modifier le microbiote ont rendu possibles de nouvelles stratégies thérapeutiques. Nos efforts continus visent à en apprendre davantage sur la régulation des réponses immunitaires au cancer et à élaborer des moyens novateurs d’améliorer le traitement du cancer.

Si je pouvais choisir un superpouvoir afin d’accélérer nos recherches, ce serait la capacité de lire rapidement le microbiote humain en temps réel. Cela nous aiderait à comprendre comment le microbiote agit sur la réponse d’une personne à l’immunothérapie, à repérer les personnes les plus susceptibles de bénéficier de ce type de traitement et à déterminer quels patients pourraient avoir besoin de traitements ciblant le microbiote, ce qui rendrait ultimement possible le traitement personnalisé du cancer.

Prix William E. Rawls

Dr Bishal Gyawali a reçu le prix William E. Rawls 2024

Dr Bishal Gyawali
Lauréat, Prix William E. Rawls 2024

Professeur agrégé, Département d’oncologie, Université Queen’s
Chercheur, Division des soins et de l’épidémiologie du cancer, Institut de recherche sur le cancer Queen’s
Oncologue médical, Centre de cancérologie du Sud-Est de l’Ontario, Hôpital général de Kingston

Les projets de recherche du Dr Bishal Gyawali abordent le cancer sous tous les angles, des soins et du soutien fondés sur des données probantes aux enjeux financiers et politiques relatifs à cette maladie. Ses travaux ont aidé à améliorer les essais cliniques afin que les chercheurs donnent priorité aux interventions les plus susceptibles de changer les issues pour les personnes atteintes de cancer. Le prix William E. Rawls récompense les chercheurs en début de carrière dont le travail a mené ou est susceptible de mener à d’importantes avancées en matière de contrôle du cancer. Le Dr Gyawali a contribué à améliorer le processus d’approbation des nouveaux médicaments contre le cancer, à placer les patients au centre des efforts de recherche et de défense de l’intérêt public ainsi qu’à former une diversité de stagiaires à travers le Canada. 

« Le Dr Gyawali est un oncologue hautement qualifié, un grand communicateur et une force positive pour le contrôle du cancer à l’échelle locale et mondiale, affirme la Dre Winette van der Graaf, professeure d’oncologie médicale à l’Institut néerlandais du cancer et au Centre médical Érasme, qui a appuyé sa nomination pour le prix. Il a inventé l’expression “viser le terrain” (cancer groundshot), qui désigne des interventions pouvant aider à traiter ou à prévenir les cancers et qui sont faciles à mettre en place. Cela peut aider des personnes dans le monde entier. » 

Le Dr Ian Tannock, professeur émérite de médecine et de biophysique médicale à l’Université de Toronto, qui a également appuyé la nomination du Dr Gyawali, ajoute : « À mon avis, il est le jeune oncologue le plus productif et le plus réfléchi non seulement au Canada, mais peut-être aussi mondialement. » 

Je veux qu’on arrête de croire que la recherche sur le cancer n’est menée que par des chercheurs, des médecins et des universitaires. L’objectif de la recherche sur le cancer devrait toujours être d’améliorer les résultats pour les patients. Cela signifie que les patients et le public ont un rôle important à jouer. Les patients devraient participer à la conception et à la production de rapports des essais cliniques; leur point de vue est essentiel pour comprendre l’incidence des médicaments contre le cancer sur la qualité de vie et pour faire la différence entre les médicaments qui devraient être financés et ceux de faible valeur qui sont coûteux et qui n’offrent pas beaucoup de bienfaits. Dans un système de soins de santé public comme le nôtre, c’est particulièrement important.
Un superpouvoir pour convaincre les décideurs et les parties prenantes de la nécessité d’investir dans des interventions que nous savons déjà efficaces (« viser le terrain » [cancer groundshot]) et de mettre celles-ci en œuvre, parallèlement à la recherche de nouvelles innovations (« viser la lune » [cancer moonshot]). Il y a beaucoup d’iniquités au Canada, tout comme dans le reste du monde, en ce qui concerne le traitement du cancer. La plupart des personnes atteintes de cancer meurent non pas en raison du manque d’accès aux médicaments les plus récents, mais à cause du manque d’accès en temps opportun à des soins du cancer adéquats qui existent depuis des décennies. Donner priorité à l’accès à des interventions efficaces est la première étape vers l’atteinte d’une véritable équité en matière de soins du cancer.