Video

Prévalence du cancer : combien de personnes font face ou survivent à un cancer au Canada?

Date de lancement : 21 novembre 2022
Durée : 27 minutes

Présentateur : Jean-Michel Billette, Ph. D.

Aperçu du webinaire : La prévalence du cancer nous révèle combien de personnes vivent avec un diagnostic de cancer ou ont déjà reçu un diagnostic de cancer. Il s’agit d’une mesure importante de l’impact du cancer sur la société. Dans le cadre de ce webinaire, Jean-Michel Billette, Ph. D., présente les conclusions tirées des Statistiques canadiennes sur le cancer : Un rapport spécial de 2022 sur la prévalence du cancer.

Animatrice : Bonjour et bienvenue à la série de webinaires L'Angle de l'expert de la Société canadienne du cancer. Ce webinaire est intitulé Prévalence du cancer : combien de personnes font face ou survivente à un cancer au Canada? Aujourd'hui, notre conférencier invité est Jean-Michel Billette, chef de sous-section au Centre de données sur la santé de la population de Statistiques Canada. À ce titre, il est grandement impliqué dans la production de la publication annuelle Statistique canadienne sur le cancer, dont il sera question plus en détail aujourd'hui. Merci à tous de vous joindre à nous. Si vous avez des questions aujourd'hui pour notre conférencier, cliquez sur la bulle de discussion située en haut à gauche de votre écran pour les soumettre. Notre conférencier ou un spécialiste en information vous répondra dès que possible. Dr Billette, je vous passe maintenant la parole.

Jean-Michel Billette : Bonjour à tous, mon nom est Jean-Michel Billette. Je suis chef de sous-section, responsable de l'analyse et de la diffusion des données sur le cancer au Centre de données sur la santé de la population de Statistique Canada. Au cours de ce webinaire, vous apprendrez ce qu'est la prévalence du cancer et pourquoi elle a de l'importance en tant que mesure; en quoi la prévalence du cancer diffère de l'incidence du cancer et ce que la prévalence nous révèle; ce que nous savons à propos de la prévalence du cancer au Canada grâce aux plus récentes données de prévalence; et nous vous présenterons les conclusions tirées des Statistiques canadiennes sur le cancer : un rapport spécial de 2022 sur la prévalence du cancer.

Tout d'abord, je tiens à remercier les personnes qui ont collaboré de près ou de loin à la réalisation de cette publication. Donc, ce rapport a été élaboré par le Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer en collaboration avec la Société canadienne du cancer, Statistique Canada et l'agence de la Santé publique du Canada, à partir des données fournies par les registres provinciaux et territoriaux du cancer. Le comité consultatif de 2022 était présidé par le Dr Darren Brenner, de l'Université de Calgary, et par Abbey Poirier, de la Société canadienne du cancer. Les analyses présentées dans le rapport et dans ce webinaire ont été réalisées par Statistique Canada et par le Partenariat canadien contre le cancer. Et ce travail ne saurait être possible sans le soutien dévoué et l'expertise des membres du Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer, des analystes de Statistique Canada et du Partenariat canadien contre le cancer, ainsi que de nos évaluateurs externes, qui ont fourni des commentaires sur la publication.

Les principaux messages clés de ce webinaire concernent au premier chef l'importance de la prévalence du cancer. La prévalence nous révèle combien de personnes vivent avec un diagnostic de cancer ou ont déjà reçu un diagnostic de cancer au cours de leur vie ou depuis une certaine période. Il s'agit d'une mesure importante de l'impact du cancer sur la société. Elle aide à orienter la planification et la prestation des soins de santé. Vivre avec un cancer et après un cancer Plus de 1,5 million de Canadiens vivent avec un cancer ou y ont survécu jusqu'à 25 ans après un diagnostic initial. La prévalence du cancer est en hausse. Donc, le nombre de personnes qui ont ou ont eu un cancer ou un diagnostic de cancer continue de croître au sein de la population canadienne et les cancers les plus prévalents étaient ceux du sein, de la prostate, du côlon et du rectum. Ensemble, ces 3 types de cancers représentaient environ la moitié de tous les cas prévalents au sein de la population canadienne.

Je vous invite à écouter le témoignage d'une personne qui a reçu un diagnostic de cancer en 2021. Il s'agit de Nathalie, originaire de Lac-Saguay, dans les Hautes-Laurentides, qui a bénéficié entre autres du soutien de la Société canadienne du cancer après l'obtention de son diagnostic.

Nathalie : Bonjour, je m'appelle Nathalie Breton, j'ai 53 ans, je vis dans une petite municipalité dans les Hautes-Laurentides, et j'occupe un emploi dans le monde municipal. L'année passée, en mai 2021, on m'a diagnostiqué un cancer du sein. Le cancer, c'est quelque chose qui s'invite chez vous. Il ne distingue pas selon des critères physiques, culturels, politiques ou notre classe sociale. Ma souffrance, c'est indescriptible ces émotions-là, ça me tenaillait par en dedans. Je me suis sentie seule puis consciente, consciente du temps qui passait. La solitude devient un peu notre binôme. Le peu d'énergie que j'avais, je le gardais. Expliquer aux autres comment je me sentais en dedans, c'était comme inexplicable. J'étais puis je suis un mix d'éducation parentale, de cheminement de vie et de tempérament personnel. « Mode solution. » Impulsive. J'ai toujours été heureuse. Mais la guérison…. Mais avec le cancer, la guérison, elle dépendait pas que de moi. Le mode solution, c'était plus suffisant à ce moment-là. J'avais beau vouloir trouver des solutions, ça m'appartenait pas. Au travers la tombée du diagnostic, les rendez-vous chez le médecin, les téléphones, les examens parfois douloureux… je me sentais comme un soldat en attente des tirs ennemis. L'opération, la radio, les équipes médicales. Il y avait des sites Internet aussi, où j'allais mais à un moment donné, je me suis dit « Nathalie, arrête ».

Je me suis concentrée sur un site qui est la Société canadienne du cancer. Puis je vous dirais que ce site-là, c'est simple, clair. Puis ils ont vulgarisé l'information. Puis c'est une chose que j'avais besoin parce que mon cerveau était plus vraiment là, ça fait que j'avais besoin que l'information soit vulgarisée, puis je l'ai trouvée au sein du site web de la Société canadienne du cancer. C'est là que j'ai appris à connaître la bête, que j'appelle « la bête », qui vivait en moi. Pour terminer, c'était, ça a été après la radio et tout ça, le retour à la vie normale, une vie active. Une vie, je vous dirais, encore plus belle qu'avant. J'ai une immense reconnaissance . . . à la vie. Je tiens à remercier mon entourage. Malgré ma solitude avec ce cancer, mon entourage a été présent. Je vais remercier mon père avec son regard, juste comment il me regardait, sa bienveillance. L'espoir, je le dois aux équipes médicales, aux intervenants qui ont été là tout au long du processus, du début à la fin. Je le dois aussi à des organismes comme la Société canadienne du cancer, qui sans eux, les recherches seraient pas aussi avancées qu'elles le sont aujourd'hui. La Société canadienne du cancer travaille en partenariat avec des équipes à l'international. Ils font que cette Société-là, en aidant les professionnels de la santé, fait que aujourd'hui, le cancer est soignable dans beaucoup de cas. Ils sont là pour les professionnels de la santé. Merci à la Société canadienne du cancer. Merci à la vie.

Billette : Qu'est-ce que la prévalence du cancer? La prévalence fournit une estimation du nombre d'individus chez qui on a diagnostiqué une maladie par le passé et qui sont toujours en vie à une date de référence précise. Par conséquent, on peut considérer que la prévalence du cancer correspond au nombre d'individus qui font face ou survivent à un cancer. Il s'agit dans ce cas-ci de la prévalence fondée sur la personne. Puisque certaines personnes peuvent recevoir un diagnostic de plusieurs types de cancers ou de plusieurs cancers différents au fil du temps, la prévalence fondée sur les tumeurs peut être utile pour estimer le nombre de cas de cancer diagnostiqués chez les individus qui font face ou survivent à un cancer. Donc, la prévalence fondée sur la personne fait référence au nombre d'individus qui font face ou survivent à un cancer à une date donnée, que l'on appelle la date indice. La prévalence fondée sur les tumeurs fait référence au nombre de cas de cancer diagnostiqués chez des individus qui font face ou survivent à un cancer à une date donnée. Par exemple, une femme ayant été diagnostiquée il y a 2 ans, une femme ayant reçu un diagnostic de cancer du sein, mais qui avait au préalable, 20 ans auparavant, reçu un diagnostic de cancer de la glande thyroïde, comptera lors de la comptabilisation des cas de tumeur pour 2 cas de tumeur. Par contre, si on évalue uniquement la prévalence fondée sur la personne, puisqu'il s'agit d'un seul individu, on ne la comptera qu’une seule fois, en dépit des 2 diagnostics de cancer.

Comment calcule-t-on la prévalence du cancer? Alors, il s'agit d'une approche comptable. Les estimations de la prévalence tiennent compte à la fois des personnes qui viennent de recevoir un diagnostic de cancer et de celles qui vivent à long terme avec un cancer ou après un cancer, donc qui ont reçu un diagnostic il y a un certain moment déjà. Puisqu'il nous faut savoir qui a reçu un diagnostic par le passé et qui est toujours en vie, nous calculons la prévalence du cancer à un moment précis dans le temps. Ce moment est appelé la date indice. Chez les personnes en vie à la date indice, nous dénombrons combien de personnes ont reçu un diagnostic de cancer ou combien de cas de cancer ont été diagnostiqués pendant une période donnée précédant la date indice. Il s'agit de la durée de prévalence. On vous donne un exemple ici. Dans le cas des données qui sont publiées dans le rapport spécial sur la prévalence de la publication Statistiques canadiennes sur le cancer, donc la première date de diagnostic possible était le 1er janvier 1993 et la date indice est celle du 1er janvier 2018, pour une durée maximale de 25 ans écoulés entre la première date possible et la date de référence.

On va se livrer à un petit exercice afin de mieux visualiser en quoi consiste la prévalence, donc imaginez que 100 personnes vivent sur une petite île au 1er janvier 2018. Ce sont les personnes en bleu à droite. Parmi ces personnes, 4 ont reçu un diagnostic de cancer par le passé, que ce soit le passé récent ou le passé plus lointain. On les voit en jaune sur l'image. L'une d'entre elles a reçu son diagnostic il y a longtemps, 23 ans plus tôt. Une autre a reçu son diagnostic il y a 12 ans, c’est quand même un certain temps, mais moins longtemps. Et les 2 autres personnes ont reçu leur diagnostic plus récemment, l'une il y a 4 ans et l'autre il y a près de 2 ans. Au total, 4 personnes sur 100 font face ou survivent à un diagnostic de cancer. La proportion de prévalence sur 25 ans est donc de 4 personnes sur 100. Ou une personne sur 25 qui fait face ou survit à un cancer.

Les principales constatations et les principaux résultats du rapport spécial sur la prévalence sont les suivants. Au début de janvier 2018, plus de 1,5 million de personnes au Canada faisaient face ou survivaient à un cancer et près de 1,7 million de cas de cancer avaient été diagnostiqués chez des personnes qui étaient toujours en vie jusqu'à 25 ans après leur diagnostic. Ce qui signifie que près de 200 000 tumeurs supplémentaires avaient été diagnostiquées au sein de cette même population, chez ces mêmes personnes qui sont comptabilisées en tant que ayant un cancer ou ayant survécu à un cancer. 60 % de ces diagnostics, donc 3 diagnostics sur 5, étaient, dataient de 5 à 25 ans. Ce qui met en évidence le grand nombre de personnes qui vivent à long terme avec un cancer et après avoir reçu un diagnostic de cancer. Et alors que plus de personnes font face et survivent à un cancer, on s'attend à ce que ce nombre soit encore plus élevé aujourd'hui.

La prévalence est en hausse. Donc, le nombre de personnes qui ont ou ont eu un cancer continue de croître au sein de la population canadienne. Pour les durées de prévalence de 2, 5 et 10 ans, le nombre de cancers prévalents par 100 000 personnes a augmenté au fil du temps, comme on peut voir sur le graphique. La prévalence sur 2 ans correspond à la ligne que l'on voit au bas du graphique, celle sur 5 ans correspond à la ligne du milieu et la ligne du dessus est celle sur 10 ans. Cette augmentation résulte en grande partie du vieillissement de la population et du fait qu'un plus grand nombre de personnes reçoivent un diagnostic de cancer, ainsi que d'une meilleure survie pour plusieurs types de cancer grâce au dépistage et à l'amélioration des traitements et des soins contre le cancer.

La prévalence du cancer est une mesure importante des répercussions du cancer pour les personnes, les familles, les communautés et la société en général. L'expérience de cancer de chaque personne est différente et la complexité des besoins peut varier en fonction du type de cancer. En général, les personnes qui reçoivent un diagnostic de cancer auront besoin de plus de soutien et de ressources au début de leur prise en charge, lors de la transition vers le rétablissement et la survie, de même qu'à l'étape des soins de fin de vie, le cas échéant. Étant donné l'augmentation de la survie pour la plupart des cancers et du nombre de survivants au cancer, des ressources seront nécessaires pour garantir une qualité de vie optimale durant les périodes de traitement et de survie. Il est donc très important, pour la planification et la prestation des soins de santé, de savoir combien de personnes font face ou survivent à un cancer. La prévalence est donc un outil de planification des ressources et des coûts associés au cancer et aux soins de santé.

Les estimations de la prévalence selon différentes durées de prévalence peuvent aider à orienter la planification et la prestation des soins de santé et de soutien. Au cours des 2 premières années suivant le diagnostic, les personnes sont généralement en train de recevoir un traitement primaire ou de se remettre de ses effets. De la 3e à la 5e année, les personnes ont habituellement besoin d'un suivi clinique étroit permettant de détecter toute récidive…ou de développer un autre cancer primitif. Elles auront aussi besoin de soins, de soutien et d'accompagnement. Les personnes en vie plus de 5 ans après un diagnostic original ont probablement terminé leur traitement, mais certaines peuvent encore avoir besoin d'une surveillance clinique et de soins de soutien. Je pense notamment à certains cas de leucémie chronique, pour lesquels des soins de suivi et d'accompagnement sont nécessaires au-delà d'une période de 5 ans. La prévalence selon la durée joue donc un rôle déterminant dans l'estimation des besoins à court et à long termes en matière de soins contre le cancer et d'affectation des ressources, incluant l'estimation des coûts des soins de santé.

Il est également important d'examiner différentes durées de prévalence. La prévalence à court terme estime le nombre de personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer plus récemment, habituellement dans les 2 à 5 ans précédant la date indice. Et qui sont toujours en vie, évidemment, au moment de la date de référence. Elle aide les administrations à planifier l'affectation des ressources pour les soins contre le cancer et les services de soutien fournis dès le début. La prévalence à long terme estime le nombre de personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer depuis plus longtemps, donc habituellement plus de 5 ans. Mais ça peut également être plus de 10 ans ou même plus de 20 ans. Elle peut faciliter la planification de la survie, de sorte que les soins de santé et les autres soins de soutien ou d'accompagnement soient conçus pour répondre aux besoins uniques des survivants au cancer.

Examinons d'autres résultats. La prévalence fondée sur les tumeurs sur une période de 25 ans a atteint près de 1,7 million de cas de cancer. De ces cas, 18 % – donc près d'un cas de cancer sur 5 – ont été diagnostiqués au cours des 2 années précédentes, soit de 2016 à 2017, la date indice étant située au 1er janvier 2018. 21 % au cours des 2 à 5 années précédentes, de 2013 à 2015, donc une proportion très similaire, en bleu sur le graphique. Et finalement 61% – donc 3 cas sur 5 – au cours des 5 à 25 années précédentes, soit de 1993 à 2012. La distribution des cas de cancer selon la durée de prévalence peut différer d'un type de cancer à l'autre. Cela vient du fait que la prévalence du cancer est influencée à la fois par l'incidence et par la survie, lesquelles diffèrent selon les types de cancer. Certains cancers ont des survies extrêmement élevées, comme le cancer de la glande thyroïde par exemple, alors que d'autres cancers, comme ceux de l'œsophage et du pancréas, sont associés à des pronostics beaucoup moins favorables.

Vous avez peut-être déjà entendu parler de l'incidence du cancer – le nombre de nouveaux cas de cancer. L'incidence indique combien de personnes ou de cas d'une maladie font l'objet d'un nouveau diagnostic au sein d'une population au cours d'une année donnée. On consigne habituellement les taux d'incidence du cancer sous forme de nombre de nouveaux cas par tranche de 100 000 personnes au cours d'une année. La survie au cancer fournit une indication du pourcentage de personnes qui devraient survivre à leur diagnostic. On la calcule en se basant sur les personnes ayant reçu un diagnostic de cancer. La survie, comme il a été mentionné précédemment, diffère selon le type de cancer. La prévalence, quant à elle, est influencée à la fois par l'incidence et par la survie. Il s'agit d'une mesure hybride qui tient compte des 2 phénomènes. Une personne doit avoir reçu un diagnostic de cancer et avoir survécu jusqu'à la date indice pour être prise en compte dans l'estimation de la prévalence. Un type de cancer dont l'incidence est élevée, mais pour lequel le taux de survie est faible, pourrait être moins prévalent au sein de la population vivante qu'un cancer dont l'incidence est plus faible, mais pour lequel la survie est supérieure. C'est ce que nous examinerons dans la diapositive suivante.

Donc, les cancers les plus fréquemment diagnostiqués sont les suivants : sein, poumon, prostate et cancer colorectal. La survie observée est plus élevée pour les cancers du sein et de la prostate, comparativement au cancer colorectal et tout particulièrement au cancer du poumon, dont la survie est quand même beaucoup moindre, comme on peut le remarquer en regardant les graphiques. Par conséquent, on remarque un nombre plus élevé de cas prévalents de cancer du sein et de la prostate, comparativement au cancer colorectal et au cancer du poumon. On constate aussi qu'une proportion élevée des cas prévalents de cancer du sein et de la prostate ont été diagnostiqués plus de 5 ans avant la date indice. On les voit en jaune sur les graphiques. En raison de la survie plus faible au cancer colorectal, la proportion de cas de cancer diagnostiqués plus de 5 ans avant la date indice est moindre. Et ce constat est encore plus frappant pour les cas de cancer du poumon en raison de son faible taux de survie. Encore une fois, comparativement aux taux de survie respectifs du cancer du sein et du cancer de la prostate.

Si on examine tous les types de cancer, on constate, comme il a déjà été mentionné, que le cancer du sein, le cancer de la prostate et le cancer colorectal représentaient près de la moitié de tous les cancers prévalents. D'autres cancers sont également relativement prévalents au sein de la population canadienne. Il s'agit du cancer de la peau, c'est-à-dire le mélanome de la peau, du cancer de la glande thyroïde, du cancer de la vessie, du lymphome non hodgkinien, qui affecte surtout les ganglions lymphatiques et la rate, du cancer de l’utérus, notamment de l’endomètre, et du cancer du poumon, qui, bien qu'il ait une incidence élevée, arrive à un rang beaucoup plus faible que les 3 principaux cancers, justement en raison de sa faible survie.

Si on examine la répartition géographique des cas de cancer, on constate que le nombre de personnes qui font face ou qui survivent à un cancer varie au pays, en raison évidemment des différences associées à la taille des populations. Mais si on ajuste par tranche de 100 000 personnes au sein de la population, les proportions de prévalence sont généralement plus élevées dans les provinces de l'Atlantique, ce qui correspond tout à fait à nos observations pour l'incidence du cancer, qui est également plus élevée au sein des provinces atlantiques, c'est-à-dire le nombre de nouveaux cas diagnostiqués annuellement est relativement plus élevé. Ces proportions de prévalence ne sont pas ajustées pour tenir compte des différences quant à l'âge de la population et de la structure par âge, car ces mesures visent à illustrer les différences naturelles dans le fardeau de la maladie afin de soutenir la planification régionale. Les populations vieillissant à un rythme accru sont donc celles pour lesquelles la prévalence est la plus élevée.

La prévalence à court terme sur 5 ans était plus élevée chez les personnes vivant en région rurale, comparativement à celles vivant en milieu urbain. Cette tendance était observable pour tous les cancers confondus et pour les 4 cancers les plus fréquemment diagnostiqués, quoique moins prononcés dans le cas du cancer du sein, dont la répartition par âge est plus variable que les 3 autres. La proportion plus élevée dans les régions rurales est en grande partie associée aux différences d'âge, les personnes qui y vivent étant généralement plus âgées que celles vivant dans les zones urbaines au Canada. Un autre facteur potentiel pouvant servir à expliquer cet état de fait concerne l'accès aux soins de santé, qui peut être plus difficile dans certaines régions rurales ou éloignées que dans les zones urbaines.

Si l’on récapitule, les messages clés de cette présentation sont les suivants. Premièrement, la prévalence nous révèle combien de personnes vivent avec un diagnostic de cancer ou ont reçu un diagnostic de cancer au cours d'une période déterminée ou au cours de leur vie entière. Il s'agit d'une mesure importante de l'impact du cancer sur la société. Elle aide à orienter la planification et la prestation des soins de santé et à répartir les ressources tant financières qu’en matière de ressources humaines de façon adéquate au sein des systèmes de santé. Vivre avec un cancer et après un cancer Plus de 1,5 million de Canadiens vivent avec un cancer ou y survivent jusqu'à 25 ans après leur diagnostic, selon les chiffres du rapport. La prévalence est en hausse et le nombre de personnes qui ont ou ont eu un cancer continue de croître. Quant aux cancers les plus prévalents, il s'agit des cancers du sein, de la prostate, du côlon et du rectum, qui représentent près de la moitié des cas prévalents.

Je tiens enfin à remercier toutes les personnes ayant collaboré à la réalisation de cette publication. Il s'agit du Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer, de notre coordonnatrice de projet, Mme Monika Dixon, des analystes de Statistique Canada et du Partenariat canadien contre le cancer, qui ont effectué l’immense majorité du travail analytique associé à cette publication, et bien évidemment aussi les évaluateurs externes, qui ont fourni des commentaires sur les différentes versions de la publication. Je vous rappelle en terminant, pour les gens qui souhaitent obtenir du soutien ou de l'information sur le cancer, il est possible de rejoindre la Société canadienne du cancer en utilisant la ligne 1 888 939-3333 ou d'envoyer un message à info@cancer.ca. Afin de joindre la communauté en ligne, les coordonnées sont ParlonsCancer.ca. Et je vous remercie infiniment de votre disponibilité et de votre écoute.

Animatrice : Merci beaucoup, Dr Billette, de nous avoir communiqué les principales constatations issues du récent rapport Statistiques canadiennes sur le cancer et de nous avoir expliqué pourquoi la prévalence du cancer est une mesure importante des répercussions du cancer pour les personnes, les familles, les communautés et la société. Nous sommes reconnaissants du temps que vous nous avez consacré et de votre expertise. La Société canadienne du cancer se consacre au soutien des personnes touchées par le cancer à tous les stades de cette expérience.

Pour nous aider à nous assurer que nous vous offrons l'information dont vous avez le plus besoin, veuillez prendre quelques minutes pour répondre à notre court sondage sur ce webinaire et les sujets que vous aimeriez nous voir aborder. Pour toute autre information sur le cancer, visitez notre site web, cancer.ca. Vous pouvez aussi clavarder avec l'un de nos spécialistes en information, qui peut répondre à vos questions et vous mettre en communication avec d'autres ressources. Je remercie de nouveau notre conférencier de s’être joint à nous et de nous avoir fait partager son expertise. Cela met fin à la présentation d'aujourd'hui et au nom de la Société canadienne du cancer, je vous souhaite que tout aille bien pour vous. Merci!

Présentateur

Depuis 2018, Jean-Michel Billette, Ph. D., est responsable de l’équipe chargée de l’analyse et de la diffusion des statistiques sur le cancer au Centre de données sur la santé de la population de Statistique Canada. À ce titre, il est grandement impliqué dans la production de la publication annuelle Statistiques canadiennes sur le cancer. Il détient un doctorat en démographie de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et une maîtrise en anthropologie biologique de l’Université de Montréal.

Jean-Michel Billette
Jean-Michel Billette, Ph. D.

L’Angle de l’expert

L’Angle de l’expert est une série de webinaires animés par des spécialistes, ayant pour but d’informer et de soutenir les personnes atteintes de cancer, les survivants du cancer ainsi que leur famille. Cette série est accessible sur demande – vous pouvez donc assister aux webinaires en tout temps.