Recherche sur le cancer de la prostate

On en apprend toujours plus sur le cancer. Les chercheurs et les professionnels de la santé se servent de ce qu’ils ont appris lors des études de recherche pour élaborer de meilleures pratiques qui aideront à prévenir, à détecter et à traiter le cancer de la prostate. Ils tentent aussi de trouver comment améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de cette maladie.

Le texte qui suit traite de différentes recherches qui se révèlent prometteuses dans la lutte contre le cancer de la prostate. Nous avons inclus de l’information qui provient de PubMed, la base de données de recherche de la National Library of Medicine (NLM). Chaque article scientifique de PubMed comporte un numéro d’identification (PMID) dont le lien mène à un bref résumé (Abstract, en anglais). Nous avons aussi indiqué des liens vers les résumés des recherches présentées aux réunions de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), lesquelles se tiennent tout au long de l’année. Vous pouvez trouver de l’information sur les essais cliniques en cours sur EssaisCanadiensCancer.ca et ClinicalTrials.gov. On attribue à chaque essai clinique un identifiant appelé numéro d’essai clinique national (NCT). Le numéro NCT mène vers des renseignements sur l’essai clinique.

Prévention du cancer de la prostate

Certaines substances et certains comportements peuvent prévenir le cancer de la prostate ou réduire votre risque d’en être atteint. Voici des recherches importantes sur des moyens de prévenir ce cancer ou d’en réduire le risque.

L’acide acétylsalicylique (AAS, aspirine, salicylate) et d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) réduisent le taux d’antigène prostatique spécifique (APS) (European Journal of Cancer, PMID 25727881). La recherche démontre que les hommes qui prennent de l’aspirine ou un autre type d’AINS ou bien les deux risquent moins d’être atteints du cancer de la prostate (Clinical Cancer Research, PMID 25520389). On doit faire plus de recherches pour confirmer ces résultats.

Le lycopène est un type de caroténoïde qui donne leur couleur rouge aux fruits et aux légumes. Des révisions et des méta-analyses récentes (vastes études de recherche qui examinent les résultats de plusieurs études individuelles) ont porté sur la recherche sur le lycopène. Elles laissent entendre que les hommes qui consomment une plus grande quantité de lycopène par leur alimentation risquent moins d’avoir un cancer de la prostate (Prostate Cancer and Prostatic Diseases, PMID 28440323; Medicine, PMID 26287411). On doit faire plus de recherches pour comprendre comment le lycopène peut faire baisser le risque de cancer de la prostate ou si des substances peuvent être associées au lycopène pour en réduire le risque.

Dépistage

Les tests de dépistage permettent de trouver un cancer de la prostate avant que tout signe ou symptôme ne se manifeste. Lorsque le cancer est détecté et traité à ses débuts, les chances de réussite du traitement sont meilleures. Voici des recherches importantes sur le dépistage du cancer de la prostate.

Le modèle Stockholm 3 (STHLM3) permet de combiner des facteurs personnels avec les résultats de plusieurs tests, dont le test de l’APS. Les chercheurs tentent de savoir si le STHLM3 pourrait servir d’outil de dépistage du cancer de la prostate. Selon une récente étude, le STHLM3 identifie les hommes qui sont plus à risque d’être atteints du cancer de la prostate, ce qui peut permettre de réduire le nombre de biopsies pratiquées pour détecter ce cancer (Lancet Oncology, PMID 26563502; European Urology Focus, PMID 28753803). On doit faire plus de recherches pour déterminer le rôle exact que le STHLM3 pourrait jouer dans le dépistage du cancer de la prostate.

La vélocité de l’antigène prostatique spécifique (VAPS) permet de mesurer la variation du taux d’APS au fil du temps. Dans le cadre de l’essai clinique appelé IMPACT, on a utilisé la VAPS chez des hommes qui présentaient un risque génétique connu d’être atteints du cancer de la prostate. Les résultats semblent indiquer que les hommes dont le taux d’APS varie de plus de 0,75 ng/ml pendant un an risquent davantage d’avoir un cancer de la prostate. L’essai a aussi permis de constater que les hommes porteurs de mutations des gènes BRCA, qui présentent cette augmentation du taux d’APS, courent un risque encore plus élevé d’être atteints du cancer de la prostate comparativement aux hommes présentant d’autres facteurs de risque génétiques. L’essai IMPACT a aussi révélé que la VAPS pouvait prédire quelles tumeurs auront une cote de Gleason de 7 ou plus (ASCO, Abstract 16). Une étude récente n’a pas révélé ce même avantage de la VAPS de prédire le risque de cancer de la prostate (British Journal of Cancer, PMID 29301143).

Diagnostic et pronostic

Un domaine clé de la recherche porte sur de meilleures façons de diagnostiquer et de stadifier le cancer de la prostate. Des chercheurs tentent également de trouver comment aider les médecins à établir un pronostic (probabilité que le cancer puisse être traité avec succès ou qu’il réapparaisse après le traitement). Voici des recherches importantes sur le diagnostic et le pronostic.

Les biomarqueurs sont des substances, comme des protéines, des gènes ou des segments de matériel génétique tels que l’ADN et l’ARN, qui sont naturellement présentes dans le corps. On peut les mesurer dans les liquides corporels comme le sang et l’urine ou encore dans les tissus qu’on a prélevés sur le corps. Une mutation génétique ou un changement de la quantité normale d’un biomarqueur peut signifier qu’une personne est atteinte d’un certain type de cancer. Le dosage des biomarqueurs qui permet de chercher des changements dans certains biomarqueurs peut aider votre médecin à décider si une biopsie est nécessaire au diagnostic du cancer de la prostate. Le dosage des biomarqueurs peut aussi aider les médecins à établir le risque de récidive du cancer de la prostate ainsi que le pronostic ou la réponse au traitement. Des chercheurs évaluent les tests de dosage de biomarqueurs qui suivent afin de savoir s’ils peuvent aider les médecins à établir un diagnostic de cancer de la prostate, un niveau de risque, un pronostic et à déterminer quels traitements seront bénéfiques à un homme atteint du cancer de la prostate :

La biopsie avec guidage direct et fusion d’images échographie-IRM combine l’IRM avec l’échographie pour produire des images en 3D très détaillées de la prostate sous de nombreux angles différents (image multiparamétrique). Les images détaillées aident les médecins à cibler des régions spécifiques dans la prostate pour y faire des prélèvements (biopsies). La recherche démontre que ce type d’épreuve diagnostique aide à détecter tôt le cancer de la prostate (BioMed Research International, PMID 29094042; Central European Journal of Urology, PMID 27123316).

Traitement

Les chercheurs étudient de nouvelles méthodes qui pourraient améliorer le traitement du cancer de la prostate. Les progrès effectués dans le traitement du cancer ainsi que les nouveaux procédés permettant de soulager les effets secondaires ont engendré une amélioration de la qualité de vie et un meilleur pronostic pour de nombreuses personnes atteintes de cette maladie. Voici des recherches importantes sur le traitement du cancer de la prostate.

Radiothérapie

Des chercheurs évaluent de nouvelles et meilleures méthodes pour administrer la radiothérapie. Ils tentent aussi de savoir si on peut associer la radiothérapie à d’autres traitements afin de rendre tous ces traitements plus efficaces.

La radiothérapie hypofractionnée est l’administration d’un moins grand nombre de séances de radiothérapie à dose plus élevée sur une plus courte période. Certaines recherches démontrent que la radiothérapie hypofractionnée est plus efficace que les modalités et les doses habituelles (Oncotarget, PMID 27926521; Lancet Oncology, PMID 27339115).

La radiothérapie associée à l’hormonothérapie peut être une option de traitement du cancer de la prostate qui récidive. Les résultats d’un essai clinique démontrent que l’association d’une radiothérapie à la prise de bicalutamide (Casodex) pendant 24 mois engendre une meilleure survie globale qu’une radiothérapie combinée à un placebo (New England Journal of Medicine, PMID 28146658).

Hormonothérapie

On a souvent recours à l’hormonothérapie pour traiter le cancer de la prostate. Des chercheurs tentent de trouver de nouveaux médicaments hormonaux et de meilleurs modes d’administration pour traiter le cancer de la prostate.

L’ODM-201 (darolutamide) est un nouveau type de médicament qui réduit le taux d’androgènes dans le corps. L’essai clinique ARAMIS est une vaste étude internationale qui tente d’évaluer l’innocuité et l’efficacité de l’ODM-201 comme outil de prévention du cancer de la prostate à risque élevé de propagation à d’autres parties du corps (ClinicalTrials.gov, NCT 02200614). L’essai clinique ARAMIS porte sur l’association de l’ODM-210 à l’hormonothérapie standard (traitement par privation androgénique, ou TPA) et au docétaxel (Taxotere) comme traitement du cancer métastatique de la prostate (ClinicalTrials.gov, NCT02799602).

Chimiothérapie

Des chercheurs étudient de nouveaux médicaments comme traitement du cancer de la prostate. Ils tentent aussi de savoir si on peut associer la chimiothérapie à d’autres traitements afin de rendre ces traitements plus efficaces.

Le custirsen est un médicament qui interrompt la production de clustérine, une protéine qui aide les cellules cancéreuses de la prostate à devenir résistantes au traitement. La recherche semble indiquer que l’association du custirsen à une chimiothérapie pourrait améliorer la survie des hommes atteints d’un cancer de la prostate qui a cessé de réagir aux hormonothérapies (cancer androgéno-indépendant). On a récemment démontré en essais cliniques que le custirsen n’améliore pas la survie (Lancet Oncology, PMID 29033099, PMID 28283282).

L’association de la chimiothérapie, de l’hormonothérapie et de la radiothérapie a été comparée à l’hormonothérapie et à la radiothérapie comme traitement du cancer qui ne s’était pas propagé à l’extérieur de la prostate (cancer localisé) mais qui présentait un risque élevé de récidive. Les agents chimiothérapeutiques employés étaient le docétaxel et la prednisone. Les résultats semblent indiquer que l’ajout de la chimiothérapie à l’hormonothérapie (traitement par privation androgénique, ou TPA) et à la radiothérapie améliore la survie globale. On doit mener plus de recherches et faire un suivi plus long pour confirmer ces résultats (ASCO, Abstract LBA5002).

Le docétaxel et l’acide zolédronique (Zometa), un type de bisphosphonate, peuvent être des options de traitement pour les hommes qui commencent une hormonothérapie pour un cancer de la prostate. Lors de l’essai clinique STAMPEDE, on a comparé 3 groupes. Au début de l’hormonothérapie, on a administré du docétaxel au premier groupe, de l’acide zolédronique au deuxième groupe et ces deux médicaments au troisième groupe. L’étude a démontré que l’administration de docétaxel au début de l’hormonothérapie améliore grandement la survie mais pas l’ajout d’acide zolédronique (Lancet, PMID 26719232).

Immunothérapie

Des chercheurs élaborent et évaluent des immunothérapies afin de trouver des moyens plus efficaces de traiter le cancer de la prostate.

Les vaccins thérapeutiques anticancéreux peuvent être une option de traitement pour le cancer de la prostate androgéno-indépendant qui s’est propagé à d’autres parties du corps. Des chercheurs travaillent à la mise au point de plusieurs vaccins qu’ils étudient dans le cadre d’essais cliniques. Ce sont entre autres les vaccins PROSTVAC et DCVAC/PCa (ASCO, Abstract TPS5070, Abstract TPS5081; Future Oncology, PMID 26235179).

Les inhibiteurs du point de contrôle immunitaire sont des médicaments qui bloquent des protéines spécifiques appelées points de contrôle, permettant ainsi aux cellules du système immunitaire d’attaquer et de détruire les cellules cancéreuses. La recherche démontre que l’inhibiteur du point de contrôle immunitaire Yervoy (ipilimumab) n’améliore pas la survie globale des hommes atteints d’un cancer de la prostate androgéno-indépendant métastatique, mais qu’il engendre une survie sans évolution prolongée. On doit mener plus de recherches pour savoir si l’ipilimumab pourrait être associé à d’autres traitements afin de contribuer à l’amélioration de la survie globale (Journal of Clinical Oncology, PMID 28034081).

Ablation

L’ablation est une intervention qui permet d’enlever ou de détruire des cellules ou des tissus à l’aide de la chaleur, de substances chimiques ou d’autres techniques. La recherche étudie différents types d’ablation auxquels on peut avoir recours plutôt qu’à la chirurgie pour un cancer précoce de la prostate.

La cryochirurgie est une intervention lors de laquelle on a recours à un froid extrême (azote liquide ou dioxyde de carbone) pour geler et détruire les cellules ou les tissus anormaux. Une étude a porté sur l’utilisation de la cryochirurgie comme traitement principal du cancer de la prostate ne s’étant pas propagé à l’extérieur de la prostate. Les résultats laissent entendre que la cryochirurgie peut permettre une maîtrise à long terme du cancer et constituer une option de traitement chez certains hommes (ASCO, Abstract 114). La cryochirurgie peut aussi être une option pour les hommes dont le cancer de la prostate réapparaît dans la région où il a d’abord pris naissance (Prostate, PMID 25283814).

Un traitement aux ultrasons focalisés de haute intensité (UFHI) a recours à des ondes sonores de haute fréquence pour chauffer et détruire les tissus. Les chercheurs étudient les UFHI comme traitement du cancer de la prostate. Ils comparent le traitement aux UFHI aux traitements standards pour savoir s’il constitue une option thérapeutique sécuritaire et efficace (Journal of Urology, PMID 28433640; Progrès en Urologie, PMID 26476975; Advances in Urology, PMID 26357511; ASCO, Abstract 109).

Pour en apprendre davantage sur la recherche sur le cancer

Les chercheurs tentent toujours d’en savoir davantage sur le cancer de la prostate. L’essai clinique est une étude de recherche lors de laquelle on évalue de nouvelles façons de prévenir, de détecter, de traiter ou de gérer le cancer de la prostate. L’essai clinique permet d'obtenir des renseignements sur l'innocuité et l'efficacité de nouvelles approches afin de déterminer si elles doivent être offertes à plus grande échelle. La plupart des traitements standards du cancer de la prostate ont d’abord démontré leur efficacité en essai clinique.

Apprenez-en davantage sur les essais cliniques.