Recherche sur le cancer du sein

On en apprend toujours plus sur le cancer. Les chercheurs et les professionnels de la santé se servent de ce qu’ils ont appris lors des études de recherche pour élaborer de meilleures pratiques qui aideront à prévenir, à détecter et à traiter le cancer du sein. Ils tentent aussi de trouver comment améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de cette maladie.

Le texte qui suit traite de recherches récentes qui se révèlent prometteuses dans le traitement du cancer du sein.

Nous avons inclus de l’information qui provient des sources suivantes. Chaque article comporte un numéro d’identification dont le lien mène à un bref résumé.

  • PubMed, US National Library of Medicine (PMID)
  • American Society of Clinical Oncology (ASCO)
  • Essais canadiens sur le cancer et ClinicalTrials.gov (NCT)

Chirurgie

Des chercheurs tentent de trouver les meilleures façons de traiter le cancer du sein à l’aide de la chirurgie et d’améliorer les techniques chirurgicales.

Les chirurgies des ganglions axillaires (aisselles) font partie du processus de stadification du cancer du sein. La biopsie du ganglion sentinelle (BGS) est une chirurgie pratiquée pour trouver et enlever un ou quelques ganglions sentinelles de l’aisselle afin de voir s’ils contiennent des cellules cancéreuses. L’évidement ganglionnaire axillaire est une chirurgie pratiquée pour retirer un plus grand nombre de ganglions lymphatiques (habituellement entre 15 et 20) de l’aisselle. Comparativement à la BGS, cette intervention risque davantage de provoquer une enflure permanente du bras (lymphœdème). Jusqu’à tout dernièrement, l’évidement ganglionnaire axillaire était une procédure standard à la suite d’une BGS ayant révélé la présence de cellules tumorales dans au moins un ganglion sentinelle. Lors d’une étude récente, des chercheurs ont comparé la pratique de la BGS seule à l’évidement ganglionnaire axillaire chez des femmes ayant des tumeurs au sein de moins de 50 mm de diamètre (appelées T1 et T2) qui se sont propagées à seulement un ou deux ganglions sentinelles et dont le traitement consisterait en une tumorectomie suivie d’une radiothérapie. Les taux de récidive du cancer dans les ganglions axillaires et les taux de survie globale se sont avérés identiques pour les deux types de chirurgie (JAMA, PMID 28898379). Ces résultats ont fait en sorte que les chirurgiens ne pratiquent plus l’évidement ganglionnaire axillaire chez les femmes de ce groupe.

La chirurgie de reconstruction mammaire permet de rendre au sein une apparence et une sensation des plus naturelles possibles après qu’on l’ait enlevé en partie ou en totalité. Pour une reconstruction immédiate, on insère un implant au moment de la mastectomie. Dans le cas d’une reconstruction mammaire immédiate différée, c’est plutôt un expanseur tissulaire qui sera installé lors de la mastectomie. Par la suite, pendant plusieurs semaines, le médecin fera lentement gonfler l’expanseur tissulaire en y injectant une solution saline ordinaire (eau salée). Ensuite, plusieurs mois après la mastectomie, le chirurgien pratiquera une autre intervention afin de retirer l’expanseur tissulaire et d’insérer un implant dans la « pochette » ainsi créée à l’intérieur du sein. La reconstruction immédiate signifie que la patiente ne sera pas privée temporairement d’un sein et n’aura pas à subir une deuxième chirurgie; cette façon de procéder est toutefois plus exigeante sur le plan technique en l’absence d’un espace naturel dans les tissus mammaires pour maintenir l’implant en place. Afin de faciliter la fixation de l’implant s’il est installé lors de la mastectomie, les chirurgiens plasticiens utilisent habituellement une substance faite de collagène (type de protéine) appelée greffon dermique acellulaire (AlloDerm, DermaMatrix). Ce greffon provient de dons de tissus cutanés humains desquels on a retiré les cellules susceptibles de rejet. Lors d’une étude menée récemment, l’une et l’autre de ces deux techniques de reconstruction mammaire ont été prescrites de manière aléatoire à des patientes. Les résultats ont révélé que la reconstruction immédiate était associée à des complications près de quatre fois plus souvent que la reconstruction immédiate différée (Lancet Oncology, PMID 28012977).

Radiothérapie

Des chercheurs tentent de trouver comment améliorer la radiothérapie comme traitement du cancer du sein.

Une radiothérapie aux ganglions axillaires (aisselle) peut être une solution de rechange à la chirurgie pratiquée pour enlever ces ganglions lymphatiques (évidement ganglionnaire axillaire). On a habituellement recours à l’évidement ganglionnaire axillaire pour traiter les femmes dont le cancer du sein s’est propagé à au moins 1 ganglion axillaire, qui ont reçu une chimiothérapie suivie d’une chirurgie mammaire incluant une biopsie du ganglion sentinelle (BGS) et qui par la suite ont encore des cellules cancéreuses dans au moins 1 ganglion axillaire. Dans le cadre d’un essai clinique en cours, ces femmes ont été divisées aléatoirement en deux groupes afin de recevoir soit le traitement standard (évidement ganglionnaire axillaire), soit une radiothérapie aux ganglions axillaires. L’étude a pour but de vérifier s’il y a des différences entre les 2 groupes en ce qui concerne les taux de récidive (laps de temps écoulé avant la réapparition du cancer du sein) et la survie globale. On tente aussi de savoir si le lymphœdème apparaît moins souvent avec un des traitements (ClinicalTrials.gov, NCT 01901094). Une autre étude a fait la comparaison entre la radiothérapie aux ganglions axillaires et l’évidement ganglionnaire axillaire chez les femmes ayant une tumeur au sein mesurant au plus 3 cm de diamètre et s’étant propagée à au moins un ganglion sentinelle. Les résultats indiquent que chez près de 40 % de ces femmes, l’évidement a confirmé la présence du cancer dans d’autres ganglions, ce qui implique qu’un nombre similaire de femmes traitées par radiothérapie avaient également des ganglions atteints. L’étude a par ailleurs démontré que la radiothérapie était au moins aussi efficace que la chirurgie pour prévenir la récidive du cancer dans les ganglions axillaires (European Journal of Surgical Oncology, PMID 28139362). La radiothérapie semble en outre améliorer la survie globale.

Une radiothérapie aux ganglions lymphatiques régionaux peut réduire le risque de réapparition du cancer du sein. Une étude canadienne a été menée auprès de femmes dont le cancer du sein s’était manifesté dans au plus trois ganglions de l’aisselle ou dont le cancer n’avait pas atteint les ganglions lymphatiques mais présentait un risque élevé de récidive. Les participantes ont été réparties en deux groupes. L’un des groupes a reçu une radiothérapie au sein entier et aux ganglions lymphatiques régionaux (ganglions situés dans l’aisselle, le long du sternum et à la base du cou). L’autre groupe n’a reçu qu’une radiothérapie au sein. Les résultats de l’étude démontrent que les deux groupes affichent le même taux de survie après dix ans. Le cancer du sein a récidivé moins souvent chez les femmes qui avaient reçu une radiothérapie aux ganglions lymphatiques régionaux et au sein (New England Journal of Medicine, PMID 26200977), mais les effets secondaires à court et à long terme ont été beaucoup plus nombreux pour ce dernier groupe. Dans une autre étude non randomisée, les chercheurs ont analysé les cas de femmes atteintes d’un cancer du sein qui s’était propagé aux ganglions axillaires et qui avaient subi un évidement ganglionnaire, pour ensuite recevoir un traitement adjuvant ciblant le HER2, avec ou sans radiothérapie aux ganglions lymphatiques régionaux. Après une période de suivi de 4,5 ans en moyenne et en tenant compte des autres différences entre les deux groupes, les taux de récidive du cancer se sont avérés semblables, que les femmes aient eu ou non une radiothérapie aux ganglions lymphatiques régionaux (Journal of the National Cancer Institute, PMID 28376188).

L’irradiation partielle accélérée du sein permet de diriger la radiation seulement vers la région où se situe la tumeur mammaire plutôt que vers le sein entier. On dit que la radiation est accélérée puisqu’elle est administrée à plus fortes doses et sur une période plus courte que pour une radiothérapie standard. Les études indiquent que l’irradiation partielle accélérée du sein entraîne moins d’effets secondaires que l’irradiation du sein entier, mais qu’elle présente le même risque de récidive du cancer dans le sein et les mêmes taux de survie (European Journal of Cancer, PMID 25605582, PMID 28262584; Lancet Oncology, PMID 28094198).

La radiothérapie administrée après une mastectomie est une option si le cancer s’est propagé aux ganglions lymphatiques. Selon de récentes études de suivi, considérant les traitements actuels, la radiothérapie a peu d’effet sur la récidive locale et n’a aucun effet sur la survie globale lorsqu’elle est administrée après la mastectomie chez des femmes dont le cancer du sein s’était propagé à 1, 2 ou 3 ganglions lymphatiques (Radiotherapy and Oncology, PMID 28341062; Surgical Oncology, PMID 28577722).

Des techniques d’inspiration bloquée peuvent être utilisées pendant la radiothérapie afin de réduire l’exposition à la radiation pour le cœur, en particulier lorsque le traitement est administré au sein gauche. Lors d’une étude, on a enseigné à un groupe de femmes à retenir leur souffle pendant l’administration de la radiothérapie. On a ensuite mesuré la quantité de radiation qui avait atteint le muscle cardiaque. Les chercheurs ont comparé les quantités de radiation reçues par le cœur durant le traitement lorsque l’inspiration était bloquée et lorsque la respiration était normale. Ils ont découvert que le fait de retenir son souffle abaissait la quantité de radiation absorbée par le cœur et pourrait aider à réduire les dommages au cœur causés par la radiothérapie (Clinical Oncology, PMID 27890346; Anticancer Research, PMID 28179347).

Chimiothérapie et autres médicaments

Voici des recherches importantes sur la chimiothérapie du cancer du sein.

Un plus grand nombre de femmes atteintes d’un cancer du sein précoce peuvent se passer de chimiothérapie sans danger. L’essai clinique TAILORx, portant sur le cancer du sein, a démontré l’absence de bienfaits de la chimiothérapie pour 70 % des femmes atteintes d’un cancer du sein à récepteurs d’œstrogènes positifs (ER+) au stade précoce qui ne s’est pas propagé aux ganglions axillaires. L’étude a fait appel à un test moléculaire (Oncotype DX), effectué sur un échantillon de tissu tumoral mammaire préservé. Ce test fournit un score de récidive entre 0 et 100, établi d’après l’expression de 16 gènes tumoraux. Le score obtenu indique la probabilité de récidive du cancer si la femme suit une hormonothérapie à base de tamoxifène (Nolvadex, Tamofen) pendant 5 ans sans chimiothérapie. Selon l’étude, les femmes dont le score de récidive était de 15 ou moins avaient un excellent pronostic en suivant uniquement une hormonothérapie (tamoxifène ou inhibiteur de l’aromatase) et ne tiraient pas avantage de l’ajout d’une chimiothérapie. Les femmes dont le score de récidive était supérieur à 25 bénéficiaient d’une chimiothérapie. On a noté un plus faible taux de récidive chez les femmes de moins de 50 ans ayant un score entre 16 et 25 (en particulier celles ayant un score de 21 à 25) qui recevaient une chimiothérapie en plus d’une hormonothérapie, comparativement à celles ayant suivi uniquement une hormonothérapie (New England Journal of Medicine, PMID 26412349, PMID 29860917; Cancer, PMID 28199747). Cependant, la vaste majorité de ces femmes n’ont pas suivi l’hormonothérapie considérée aujourd’hui comme optimale.

Les bisphosphonates sont des médicaments qui aident à renforcer les os en empêchant le corps de les dégrader. Une analyse récente d’un grand nombre d’études (méta-analyse) a démontré que les bisphosphonates, par exemple l’acide zolédronique administré par intraveineuse (Zometa) ou le clodronate pris par voie orale (Bonefos), réduisent le taux de métastases osseuses et améliorent la survie chez les femmes atteintes d’un cancer du sein précoce (The Lancet, PMID 26211824; The Lancet Oncology, PMID 29037984; Cancer, PMID 28464211).

Hormonothérapie

Des chercheurs tentent de trouver de meilleures façons de traiter le cancer du sein à récepteurs hormonaux positifs, en particulier chez les femmes préménopausées (qui ont encore leurs menstruations).

L’hormonothérapie à base d’inhibiteurs de l’aromatase et d’inhibiteurs de l’activité ovarienne peut améliorer la survie au cancer du sein chez les femmes préménopausées. Les inhibiteurs de l’activité ovarienne sont des médicaments (habituellement injectés toutes les 4 semaines) qui réduisent ou interrompent la production d’œstrogène par les ovaires. Des études indiquent que les femmes préménopausées auxquelles on a enlevé les ovaires ou qui reçoivent des inhibiteurs de l’activité ovarienne en plus de prendre du tamoxifène ont de meilleurs taux de rémission et de survie globale comparativement à celles qui prennent uniquement du tamoxifène. L’aromatase est une enzyme que le corps utilise pour fabriquer de l’œstrogène dans des régions autres que les ovaires. Les inhibiteurs de l’aromatase sont des médicaments qui interrompent la production d’aromatase ou qui en bloquent l’action, ce qui réduit le taux d’œstrogène dans le corps. Les inhibiteurs de l’aromatase ne sont actifs chez les femmes préménopausées que si leurs ovaires ont été enlevés ou inhibés. Le recours pendant 5 ans à des inhibiteurs de l’aromatase combinés à des inhibiteurs de l’activité ovarienne, plutôt qu’au traitement associant ces mêmes inhibiteurs de l’activité ovarienne au tamoxifène, augmente encore plus la survie sans récidive et la survie globale, mais peut aussi entraîner davantage d’effets secondaires en raison de la baisse de l’œstrogène (New England Journal of Medicine, PMID 29863451).

Traitement ciblé

Des chercheurs évaluent de nouveaux traitements ciblés pour le cancer du sein.

Les biosimilaires sont des médicaments qui sont chimiquement semblables (sans être identiques) à un agent biologique existant. Ils engendrent les mêmes effets qu’un agent biologique existant sur les cellules tumorales. Un agent biologique est une substance fabriquée à partir d’un organisme vivant ou de ses produits. Dans le cas des biosimilaires, l’agent biologique d’origine est une très grosse protéine qui n’est pas dotée d’une structure chimique fixe. La recherche révèle que le biosimilaire CT-P6 est tout aussi efficace que le trastuzumab (Herceptin) pour le traitement du cancer du sein HER2 positif au stade précoce (Lancet Oncology, PMID 28592386; JAMA, PMID 27918780).

Le pertuzumab (Perjeta) associé au trastuzumab accroît l’efficacité du traitement administré aux femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique. Le pertuzumab est un anticorps monoclonal, tout comme le trastuzumab. Les chercheurs tentent de déterminer si le pertuzumab est également efficace pour traiter les femmes atteintes d’un cancer du sein précoce. Ils ont noté que le pertuzumab associé au trastuzumab et à la chimiothérapie améliore légèrement la survie sans récidive chez les femmes ayant un cancer du sein HER2 positif lorsqu’il est administré après la chirurgie, en l’absence de métastases. Bien que l’avantage global soit très limité, il est légèrement supérieur pour les femmes dont le cancer s’est propagé aux ganglions axillaires et pour celles qui sont atteintes d’un cancer du sein à récepteurs d’œstrogènes négatifs (ER-) (New England Journal of Medicine, PMID 28581356).

L'olaparib (Lynparza) est un inhibiteur de poly(ADP-ribose) polymérases (PARP), une enzyme qui aide à réparer les dommages à l’ADN et qui est particulièrement importante pour les cellules dont le gène de réparation de l’ADN est défectueux (comme BRCA1 ou BRCA2). Les inhibiteurs de la PARP bloquent cette enzyme, de sorte que les cellules cancéreuses deviennent incapables de réparer leur ADN et sont ainsi condamnées à mourir. L’olaparib s’est avéré beaucoup plus bénéfique, en comparaison du traitement standard du cancer du sein métastatique HER2 négatif, chez les femmes porteuses d’une mutation de la lignée germinale BRCA (New England Journal of Medicine, PMID 28578601). Les chercheurs se penchent actuellement sur l’efficacité de l’olaparib dans un essai randomisé mené auprès de femmes atteintes d’un cancer du sein non métastatique et porteuses d’une mutation du gène BRCA, afin de déterminer si la prise d’olaparib pendant un an après la chimiothérapie pourrait réduire la récidive et améliorer la survie (ClinicalTrials.gov, NCT 02032823).

Les kinases dépendantes des cyclines (CDK) sont des protéines qui contrôlent le cycle cellulaire. Les inhibiteurs des CDK bloquent ces protéines, ce qui aide à ralentir ou à interrompre la croissance des cellules cancéreuses. Des essais randomisés ont été menés auprès de femmes ménopausées atteintes d’un cancer du sein métastatique HER2 négatif à récepteurs hormonaux positifs n’ayant pas encore reçu de traitements contre les métastases. Les chercheurs ont observé que l’ajout d’inhibiteurs de CDK4/6 (palbociclib, ribociclib ou abémaciclib) à un inhibiteur de l’aromatase augmentait substantiellement les taux de réponse de même que la durée de la réaction comparativement à l’utilisation d’un inhibiteur de l’aromatase seul, avec très peu d’effets secondaires (Journal of Clinical Oncology, PMID 28968163, PMID 28580882; Oncologist, PMID 28652278; New England Journal of Medicine, PMID 27717303). Des études sont présentement en cours pour déterminer si l’ajout d’un inhibiteur de CDK4/6 à une hormonothérapie adjuvante standard améliore la survie sans récidive et la survie globale chez les femmes à risque élevé de maladie ER+ (Clinicaltrials.gov, NCT 02513394).

Pour en apprendre davantage sur la recherche sur le cancer

Les chercheurs tentent toujours d’en savoir davantage sur le cancer du sein. L’essai clinique est une étude de recherche lors de laquelle on évalue de nouvelles façons de prévenir, de détecter, de traiter ou de gérer le cancer du sein. L’essai clinique permet d'obtenir des renseignements sur l'innocuité et l'efficacité de nouvelles approches afin de déterminer si elles doivent être offertes à plus grande échelle. La plupart des traitements standards du cancer du sein ont d'abord démontré leur efficacité en essai clinique.

Apprenez-en davantage sur les essais cliniques.